Au cœur de la nature et de l’Etat : une ethnographie de la cogestion de l’Aire Marine Protégée du Bamboung au Sénégal
Auteur / Autrice : | Mariama Diallo |
Direction : | Giorgio Blundo, Marie-Christine Cormier-Salem |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance le 17/12/2019 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Lavigne Delville |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Lavigne Delville, Mouhamadou Diakhate, Jean-Pierre Jacob, Laurence Boutinot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Mouhamadou Diakhate, Jean-Pierre Jacob |
Mots clés
Résumé
Comment sont gérées les aires protégées au Sénégal à l’aune des réformes du champ de la conservation relatives à l’introduction des modes de gouvernance multi-acteurs? Ce travail répond à cette question à travers une ethnographie des interactions suscitées par la mise en œuvre et l'opérationnalisation des accords de cogestion dans l’Aire Marine Protégée (AMP) du Bamboung, dans la région géographique du delta du Saloum au Sénégal. Négociés entre les citoyens, les administrations de l’Etat et l’association l’Océanium, les accords de cogestion sont promus comme des instruments de gestion commune de l’AMP. Leur opérationnalisation implique l’intervention d’institutions de nature différente donnant à observer un pluralisme institutionnel, juridique et la mobilisation de plusieurs répertoires normatifs susceptibles d’être complémentaires, contradictoires ou en compétition. De la même façon, la production des règles d’interdiction et des droits d'accès de l’AMP n’est plus du ressort d’une seule institution, qu’elle soit légale ou légitime. Se dessinent ainsi des conflits, des compétitions, des alliances tacites ou explicites dont l’enjeu dépasse les questions environnementales. Bien que les nouveaux modes de conservation expérimentés à Bamboung contribuent au désengagement des administrations de l’Etat ou à la fragmentation de sa souveraineté, ils ne traduisent pas systématiquement une perte de celle-ci ou sa dépossession de l’action publique. Ils sont, en revanche, à l’origine d’autres dynamiques qui méritent d’être explorées, à mi-chemin entre inputs internationaux, dynamiques socio-politiques locales et préservation voire expansion du pouvoir de l’Etat. Les accords de cogestion ne viennent pas seulement combler un gap, mais renseignent aussi sur les relations entre l’Etat et les modes alternatifs de délivrance de services, de sa présence et de son redéploiement. Dans ce sens, les accords de cogestion tendent-ils à effacer ou à renforcer les frontières entre les prérogatives étatiques et celles attribuées aux autres parties prenantes ? Que nous disent-ils sur la transformation du rôle des administrations de l’État, de leur évolution sur le terrain et de leurs dynamiques actuelles ? Comment nous renseignent-ils, par ailleurs, sur les reconfigurations socio-politiques au sein des « communautés locales », de la fabrique de l’accès aux ressources et de la citoyenneté ?