Thèse soutenue

Formation professionnelle et relations professionnelles en France et en Allemagne

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Auteur / Autrice : Clément Brébion
Direction : Philippe AskenazyChristine Erhel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Analyse et polique économiques
Date : Soutenance le 27/11/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Paris-Jourdan Sciences Économiques (2005-....)
Jury : Président / Présidente : Yannick L'Horty
Examinateurs / Examinatrices : Yannick L'Horty, Lutz Bellmann, Héloïse Petit, Andrew Clark
Rapporteurs / Rapporteuses : Lutz Bellmann, Héloïse Petit

Résumé

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Cette thèse de doctorat est un recueil de trois essais en économie du travail. Ils analysent de manière comparative des institutions centrales des économies française et allemande. Les chapitres estiment successivement l'ampleur des discriminations à l'égard des représentants du personnel, l'effet de l'apprentissage sur l'insertion professionnelle et l'impact des subventions offertes pour développer ce type de formation. Les principaux résultats sont analysés à la fois du point de vue de la France et de l'Allemagne et offrent des conclusions sur les récentes évolutions institutionnelles des deux pays.Le premier chapitre de cette thèse analyse les trajectoires salariales des représentants du personnel allemands. Cette étude apporte un nouvel éclairage sur le fonctionnement de la négociation dans ce pays. Nous montrons qu'il existe en Allemagne une discrimination stratégique à l'égard des représentants du personnel. Dans le secteur manufacturier, les salariés élus au comité d’entreprise bénéficient d’un surplus de revenus du fait de leur statut. Inversement, dans le secteur des services, la prise de fonction a un effet négatif sur les salaires. Dans les deux secteurs, l'ampleur de ces impacts sur l’évolution annuelle des salaires est d’ 1 à 2 points de pourcentage. Nous montrons en outre que ce sont les représentants syndiqués et politiquement impliqués qui reçoivent la majeure partie de la prime (négative ou positive) dans les deux secteurs. Pour eux, l'ampleur de l'impact est proche de 3 pp. Ces résultats mettent en évidence une détérioration de la qualité de la coopération entre partenaires sociaux dans le pays.Le chapitre 2 compare l’effet des études en apprentissage sur l’insertion professionnelle, en France et en Allemagne, entre 1998 et 2013. Il montre que, dans les deux pays, les apprentis réussissent mieux en sortie d’études secondaires ou supérieures que les étudiants de la voie scolaire standard. Cela est vrai tant à court qu'à moyen terme. En termes de taux de chômage l’année suivant la sortie d’études, le bénéfice est environ 6.75 p.p. plus fort en France qu’en Allemagne. L’analyse causale fournit les résultats principaux. Nous montrons que l’apprentissage favorise les élèves en difficulté scolaire qui quittent l'école à la fin de leurs études secondaires en France. Ce n’est pas le cas en Allemagne. L'explication de ce résultat est double. Tout d'abord, les étudiants de la voie scolaire standard en Allemagne réussissent bien mieux que leurs homologues français. Ensuite, le départ de l’entreprise de formation suite à l’obtention d’un diplôme en apprentissage est près de deux fois plus fréquent en France. Les apprentis non conservés bénéficient cependant du bon signal de leur diplôme sur le marché externe, ce qui n'est pas le cas de leurs homologues allemands. Enfin, à la sortie du supérieur, dans les deux pays, l’apprentissage n’améliore pas l’insertion professionnelle.Le chapitre 3 évalue l'impact d'une importante subvention - l'Indemnité Compensatrice Forfaitaire - offerte aux employeurs d'apprentis en France et qui a été régionalisée entre 2005 et 2014. Au moment de sa régionalisation, elle représentait un quart des dépenses publiques consacrées à l'apprentissage. L'analyse montre que la subvention favorise les stratégies de rotation de la main d’œuvre. Ainsi, on mesure une élasticité limitée mais significativement négative du nombre d'apprentis embauchés aux coûts de formation. Sa valeur est de -0,22. Toutefois, l'impact se fait surtout sentir au niveau de la marge intensive (les entreprises formatrices accueillant davantage d'apprentis) plutôt qu'au niveau de la marge extensive (de nouvelles entreprises qui commenceraient à former). Cela suggère qu’en réponse à une hausse de la prime à l’embauche, les entreprises formeraient au-dessus de leurs besoins en compétences.