Thèse soutenue

Des crosses et des couronnes : pοuvοirs abbatiaux et pοuvοirs rοyaux dans le diοcèse de Rοuen (fin du ΧΙΙe - milieu du ΧVe siècle)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Fabien Paquet
Direction : Véronique Gazeau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire, histoire de l'art et archéologie
Date : Soutenance le 08/12/2018
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre Michel de Boüard - Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (Caen ; 1959-....)
établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
Jury : Président / Présidente : Olivier Mattéoni
Examinateurs / Examinatrices : Véronique Gazeau, Anne Curry, Thierry Pécout, Élisabeth Lalou, Elisabeth Lusset, Armand Jamme
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Curry, Thierry Pécout

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse analyse l’évolution du pouvoir des abbés de onze abbayes bénédictines masculines du diocèse de Rouen entre la fin du XIIe siècle et le milieu du XVe siècle, mettant l’accent sur les plus grandes d’entre elles (Le Bec, Fécamp, Saint-Ouen, Saint-Wandrille…) mais prenant aussi en charge des maisons plus modestes et méconnues. Au cœur du raisonnement figurent la relation des abbés avec les pouvoirs royaux français et anglais. Après l’intégration de la Normandie au domaine royal capétien en 1204, les abbés devinrent royaux : en étudiant en particulier les actes de la pratique, cette thèse propose une définition de cette catégorie. Le rôle de Philippe Auguste dans la définition des rapports entre les crosses et les couronnes est mis en valeur. La suite du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle sont marquées par une continuité politique assez remarquable, doublée d’une prospérité économique ; cela se traduisit par une réelle liberté des élections dans les monastères normands et l’avènement des abbés gestionnaires, qui parvinrent même à conserver les biens de leurs abbayes situées dans les terres du roi d’Angleterre. Les débuts de la Guerre de Cent ans furent un véritable tournant : à partir de ce moment-là, les abbés durent s’engager dans les affaires politiques et la guerre (notamment dans le conflit entre le roi de France et le roi de Navarre puis au moment de la conquête de la Normandie par Henri V, après sa victoire à Azincourt en 1415). S’appuyant sur une prosopographie de cent-quatre-vingt-huit abbés, la thèse étudie par ailleurs le profil de ces supérieurs (origines sociales et géographiques, formation, etc.) et l’évolution de la figure abbatiale au fil de ces trois siècles : de plus en plus de supérieurs furent formés à l’université ou gravitaient dans les cercles de pouvoir de l’Église ou de la royauté. En conséquence, ils fréquentaient de moins en moins leurs cloîtres, habituant les moines à leur absence, tandis que la liberté des élections était progressivement rognée sous l’influence du pape et des rois. L’étude, notamment, des sources narratives et figurées montre que les représentations de leur pouvoir évoluèrent en parallèle : de plus en plus attentifs à leur prestige extérieur, marqué notamment par le port des insignes pontificaux, ils ressemblèrent de moins en moins aux moines qu’ils dirigeaient. Cette thèse propose de lire la mise en place de la commende dans la continuité de ces évolutions du pouvoir abbatial, qui apparaissent moins comme une crise que comme une mutation.