Thèse soutenue

"Si ça n'avait pas été vous, j'aurais eu peur". Qu'est-ce qu'incarner un personnage "méchant"? Des projections fantasmatiques au quotidien des répétitions : l'exemple du Théâtre du Soleil

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Auteur / Autrice : Celia Daniellou-Molinie
Direction : Jean-Pierre SarrazacJean-Loup Rivière
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études théâtrales
Date : Soutenance le 29/03/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris)
Jury : Président / Présidente : Catherine Naugrette-Christophe
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Sarrazac, Jean-Loup Rivière, Catherine Naugrette-Christophe, Natalie Depraz, Martial Poirson, Charles-Henri Bradier, Philippe Geslin
Rapporteurs / Rapporteuses : Natalie Depraz, Martial Poirson

Résumé

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D’Esope, acteur romain, à Heath Ledger, star hollywoodienne, de nombreuses sources rapportent des cas d’acteurs « possédés » par leur personnage de méchant. Mythes sans fondement ? Elucubrations de spectateurs en quête de frissons, voire stratégie commerciale ? Peut-être, mais là n’est pas l’essentiel : qu’elles soient véritables ou fantasmées, le nombre et la constance de ces anecdotes au fil de l’histoire en montrent bien l’importance. Notre imaginaire de spectateur semble nourri de ces dérapages fantasmés, de ces histoires d’acteurs s’étant, selon l’expression consacrée, « perdus dans leur rôle » - parfois jusqu’à en mourir.Après s’être intéressé brièvement à certaines de ces anecdotes, à ce qu'elles révèlent de notre rapport à la scène, ce travail propose un renversement de perspective : il s’agit d’interroger la possibilité d’un risque de confusion entre acteur et personnage, non plus à travers le prisme du regard porté sur le comédien, mais en s’intéressant au vécu des acteurs eux-mêmes – en tentant de se dégager des projections fantasmatiques pour essayer de comprendre ce qui se passe, réellement, « dans la tête d’un comédien » devant incarner un personnage méchant. A cette fin, nous nous intéresserons au travail de l’acteur dans ce qu'il a de plus concret, de plus anodin en apparence, du maquillage au cœur qui bat, des douleurs de genoux aux bouffées de plaisir, des rituels d’avant-spectacle aux rires ou aux larmes d’après-spectacle, des tensions à la complicité entre partenaires. Nous plongerons pour cela dans le quotidien des acteurs du Théâtre du Soleil, à travers une vaste étude de terrain mêlant observations de répétitions et entretiens.