Thèse soutenue

Matériaux multifonctions : antipluie, antibuée, antireflets

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Auteur / Autrice : Timothée Mouterde
Direction : David QuéréChristophe Clanet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Mécanique des fluides
Date : Soutenance le 31/03/2017
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences mécaniques et énergétiques, matériaux et géosciences (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Hydrodynamique de l'École polytechnique (Palaiseau, Essonne) - Laboratoire d'hydrodynamique / LadHyX
établissement opérateur d'inscription : École polytechnique (Palaiseau, Essonne ; 1795-....)
Jury : Président / Présidente : Lydéric Bocquet
Examinateurs / Examinatrices : David Quéré, Christophe Clanet, Howard A. Stone, Gaelle Lehoucq
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominic Vella, Anne-Laure Biance

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L’eau sur une feuille de Lotus est connue pour être étonnamment mobile, cette propriété émergeant de la présence sur la feuille de rugosités hydrophobes micrométriques. À l’image d’un fakir qui ne touche que les pointes des clous de son tapis, une goutte sur une telle surface ne repose que sur les sommets des rugosités. Le liquide est ainsi sur coussin d’air d’où sa grande mobilité. Cette propriété est appelée superhydrophobie et permet de repousser efficacement l’eau. Cependant en situations humides, comme au contact d’un liquide chaud, la buée qui se condense dans les textures micrométriques de la surface altère ces propriétés anti-eau. D’autres surfaces naturelles sont superhydrophobes, parmi elles, les ailes des cigales, qui sont pourvues de cônes de l’ordre de 100 nm. Sur ces ailes, et contrairement au lotus, l’eau sous forme de buée semble garder sa mobilité : des gouttes qui coalescent sur cette surface peuvent s’éjecter de la surface par transfert d’énergie de surface en énergie cinétique.Dans cette thèse, nous avons étudié avec des surfaces modèles l’effet de la taille et de la forme de nano-rugosités sur les propriétés antibuée de surfaces superhydrophobes. Cette thèse se divise en deux parties.Dans une première partie, nous avons étudié la résistance des surfaces nanostructurées aux figures de souffle. Nous avons mis en évidence avec des surfaces modèles que la forme des rugosités jouait un rôle clé dans l’antibuée. Des piliers coniques permettent d’obtenir une éjection des gouttes de buée pour la quasi-totalité (95%) des coalescences, alors que des piliers cylindriques de même échelle ont une efficacité proche de zéro. Nous nous sommes alors naturellement intéressés au mécanisme d’éjection de la buée et avons d’abord montré que la vitesse de saut des gouttes est gouvernée par un transfert de quantité de mouvement de l’horizontale à la verticale. Nous avons ensuite observé que la dissipation visqueuse limitait la vitesse de saut des gouttes de rayon inférieur à 5 µm.Dans la seconde partie de cette thèse, nous avons testé l’adhésion de gouttes d’eau chaudes sur des surfaces dont la rugosité va de la cinquantaine de nanomètres au micromètre. Nous avons montré que plus une structure est compacte, plus elle apporte une résistance aux liquides chauds. C’est du compartimentage de la buée par les piliers qu’émerge cette propriété : si les rugosités sont trop espacées, la buée qui se condense sous la goutte remplace l’air à l’origine de la mobilité; à l’inverse, des piliers suffisamment rapprochés permettent de bloquer le liquide et ainsi de conserver air et mobilité. Ces résultats fondés sur une étude statique ne prennent pas en compte, par définition, la dynamique de la formation de buée. Nous avons donc pour compléter cette étude, à la situation dynamique des impacts de gouttes chaudes. Contrairement à toutes les conclusions précédentes, dans ce cas anti-pluie, des surfaces de rugosité micrométrique peuvent avoir un meilleur comportement antibuée que celles de rugosité sub-micrométrique. Cela est dû au temps nécessaire pour que les gouttes de condensation remplissent les textures sous la goutte : il augmente avec la hauteur des piliers, si bien que la buée n’a pas d’effet quand le temps de rebond est inférieur au temps de remplissage.Au total, cette thèse a permis de mettre en évidence la grande diversité des propriétés antibuée que l’on peut obtenir en fonction de l’échelle des rugosités.