Thèse soutenue

Poétique de l'élégie moderne, de C.-H. de Millevoye à J. Reda

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Auteur / Autrice : David Galand
Direction : Dominique Combe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 12/06/2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-Michel Maulpoix
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Combe, Jean-Michel Maulpoix, Jean-Nicolas Illouz, Claude Millet

Résumé

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L’élégie connaît une vogue manifeste à l’aube de notre modernité, au sein de ce qu’il est convenu d’appeler le préromantisme et le romantisme. Mais cet engouement ne va pas sans susciter de profondes interrogations sur la dimension générique de l’élégie. En effet, depuis son acclimatation en français, l’élégie ne peut plus être définie par le seul critère formel, devenu douteux. En outre, dès l’âge classique, deux dangers minent le genre : sa variété thématique qui gêne sa définition et une évolution sclérosante qui le fige en clichés. Émerge donc le souci de rédimer un certain babélisme de l’élégie et d’en refonder le pouvoir expressif par le recours à la notion plus souple d’ « élégiaque ». La modernité de l’élégie s’adosse à cet héritage problématique et réclame une perspective d’étude résolument historique : la vitalité de l’élégie au seuil du XIXe siècle s’autorise d’une nouvelle saisie du genre, qui promeut l’élégiaque au rang de critère premier, ramenant peu à peu l’étiquette d’élégie à la portion congrue. L’œuvre de Millevoye permet de dater ce point de bascule, qui ouvre la voie à l’élégie romantique, attachée à la notion naissante de « lyrisme » et magnifiée par Lamartine sous les auspices de la méditation. Mais en refondant l’élégie sur l’expressivité élégiaque, la modernité romantique l’a soumise aux aléas des sollicitations du sujet par l’histoire, qui le déstabilisent. D’où un déplacement de l’écriture élégiaque durant la seconde moitié du XIXe siècle, dans le repliement intimiste, le dédoublement parodique et humoristique, ou encore la polyphonie, manifestations diverses d’une remise en cause de la source subjective de la plainte élégiaque. Quand revient à la surface du champ littéraire l’élégie revendiquée comme telle, à l’occasion du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, c’est pour cristalliser en un genre labile les doutes, les deuils et les sourires d’un lyrisme incertain de son propre chant comme de l’existence du sujet qui le hante plus qu’il ne le chante.