Thèse soutenue

La formation de la croyance en la valeur littéraire en situation coloniale et postcoloniale : étude des trajectoires de consécration des écrivains algériens francophones Assia Djebar et Kateb Yacine, en France, entre 1950 et 2009

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Auteur / Autrice : Kaoutar Harchi
Direction : Bruno Péquignot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 12/09/2014
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches sur les liens sociaux (Paris ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Fabiani
Examinateurs / Examinatrices : Bruno Péquignot, Jean-Louis Fabiani, Charles Bonn, Sylvie Ducas, Christine Détrez

Résumé

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La présente thèse de doctorat s’intéresse à la formation de la croyance en la valeur littéraire en la situation coloniale et postcoloniale, entre 1950 et 2009, en France. Pour cela, nous avons fait le choix de porter notre attention sur les trajectoires de consécration de deux auteurs algériens de langue française ayant fait l’objet d’une consécration littéraire sociologiquement objectivable, à savoir Assia Djebar (1936-) et Kateb Yacine (1929-1989). La problématique littéraire algérienne de langue française ne pouvant pertinemment être abordée au prisme de la théorie des champs de Pierre Bourdieu, nous avons fait le choix de recourir, à travers notre étude, à la notion d’institution littéraire telle que l’a notamment définie Jacques Dubois. Selon ce que nous avons alors pu observer à travers un corpus constitué d’entretiens, d’articles de presse, de discours officiels, de correspondances privées, le phénomène de consécration littéraire des deux auteurs algériens de langue française serait modélisable sous la forme de cinq étapes : la découverte, la publication, la réception critique, l’entrée dans l’univers académique, l’entrée dans l’univers de l’enseignement scolaire et universitaire. L’intérêt de cette modélisation repose principalement sur sa capacité à révéler, au-delà de la doxa littéraire, les modalités sociales ayant concouru à la formation d’une croyance en la qualité des productions textuelles données. Et, à chaque étape de la trajectoire de consécration d’Assia Djebar et de Kateb Yacine, se donnent à voir des relations fortes entre, d’une part, le littéraire et, d’autre part, l’extra-littéraire. En ce sens, l’idée couramment répandue selon laquelle la consécration d’un auteur n’aurait pour seule cause que son talent se trouve fortement remise en cause. La littérature francophone ou, plus précisément, la francophonie littéraire – dénomination sous laquelle Assia Djebar et Kateb Yacine sont régulièrement catégorisés – apparaît donc être un système réglé selon des intérêts qui, loin d’être prétendûment « purs », relèvent de logiques politique et idéologique. Engagés dans des rapports de domination symbolique et matériel dont la consécration littéraire est l’une des formes paradoxales, Assia Djebar et Kateb Yacine ont tous deux, au cours de leur trajectoire respective, mis en place des stratégies spécifiques afin de limiter la valeur instrumentale dont leurs productions textuelles ont été investies et imposer leur définition de ce que serait la littérature algérienne de langue française.