Thèse soutenue

Dynamique des forêts de sapin de Cilicie au Liban et changements globaux : apports des analyses palynologiques et génétiques

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Auteur / Autrice : Lara Awad
Direction : Rachid CheddadiCarla Khater
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Evolution, Ecologie, Ressources génétiques, Paléontologie
Date : Soutenance le 22/09/2014
Etablissement(s) : Montpellier 2
Ecole(s) doctorale(s) : Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Rachid Cheddadi, Carla Khater, Joël Guiot, Pauline Garnier-Gere, David Lefèvre, Jacques-Olivier Thaler
Rapporteurs / Rapporteuses : Joël Guiot, Pauline Garnier-Gere

Résumé

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Le Liban est un pays qui constitue un carrefour des civilisations. Depuis le temps des pharaons, ses ressources forestières ont été exploitées, notamment pour le commerce du bois. Le Liban, connu pour son cèdre, possède une autre espèce emblématique, le sapin de Cilicie, dont les forêts sont en majorité non protégées. Historiquement, le bois de sapin a été exploité durant le Nouvel Empire égyptien ancien pour la construction des temples et des navires. Il représentait ainsi un signe de pouvoir du pharaon, en formant notamment la barque d'Amon. De même, le sapin a été coupé pour la construction du temple de Jérusalem, ainsi que des instruments de musique et de guerre. La fragmentation des sapinières au Liban n'est pas ancienne mais cette faible divergence se traduit cependant par un dème Nord-Est englobant 11 populations et un dème Sud-Ouest englobant 4 populations qui semblent être le résultat de deux processus démographiques consécutifs ou simultanés durant l'histoire du sapin au Liban. Le premier est un phénomène de migration en altitude en réponse à des changements dans l'environnement ou le climat. La reconstruction de la dynamique passée du sapin au Liban a montré que le sapin a subi des fluctuations importantes dans sa taille, depuis le Tardiglaciaire, il y a 14,000 ans. Notamment, le sapin a connu des périodes d'absence du registre pollinique qui pourrait être liées à la fragmentation anthropique de l'habitat ou à des extinctions locales ou contraction de l'aire de répartition. De même, il a connu des périodes d'expansion notamment au cours des événements de sécheresse dans le climat, notamment à 4090 cal. BP, à 5010 cal. BP et de 7800 à 8090 cal. BP. La richesse en allèles privés dans le dème Nord-Est indique la présence de plusieurs micro-refuges glaciaires de basses et de hautes altitudes, ainsi que des zones de suture issues de la recolonisation. Dans le dème Sud-Ouest, une recolonisation postglaciaire en altitude à partir du seul micro-refuge glaciaire détecté est probable. Le deuxième phénomène est lié à une migration asymétrique des populations génétiquement diversifiées du centre du dème vers les populations marginales génétiquement peu diversifiées. Ce processus, qui semblait être le résultat de la faible taille des populations cibles, pourrait permettre de retarder l'extinction des populations marginales, localement menacées. La superformance de la migration sur la dérive génétique et la dispersion sur des longues distances de 15 à 20 km constituent les effets médiateurs de ces processus démographiques. L'empreinte de cette dynamique démographique est une réduction historique de la taille effective des populations sur le long terme avec un signal ancien plutôt que récent, et une diversité génétique et richesse allélique basses. Cette diversité génétique semble être façonnée par les effets anthropiques ainsi que par les changements dans l'environnement ou le climat. La conservation in situ et ex situ de ces sapinières est nécessaire pour préserver leur patrimoine historique et génétique.