Thèse soutenue

La littérature de l’éclatement ou l’utopie de la totalité au tournant du XXIème siècle : 2066 de Roberto Bolaño, Flores de Mario Bellatin et Vidas perpendiculares d’Álvaro Enrigue

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Iris Cotteaux
Direction : Gustavo Guerrero
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes hispanophones - Cergy
Date : Soutenance le 15/11/2014
Etablissement(s) : Cergy-Pontoise
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et Science politique (Cergy, Val d'Oise))
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Civilisations et identités culturelles comparées des sociétés européennes et occidentales (Cergy-Pontoise, Val-d'Oise) - Civilisations et Identités Culturelles Comparées des Sociétés Européennes et Occidentales / CICC
Jury : Président / Présidente : Milagros Ezquerro
Examinateurs / Examinatrices : Gustavo Guerrero, Eduardo Becerra, Florence Olivier
Rapporteurs / Rapporteuses : Milagros Ezquerro, Karim Benmiloud

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Un tournant s'est opéré dès la fin du XXème siècle dans la littérature hispano-américaine, après quelques tentatives inachevées de recherche d'une « totalité » à travers le mouvement du boom latino-américain des années 60.Une nouvelle littérature postmoderne s'est alors développée, opposée aux objectifs « utopiques » du boom (tel que celui de « roman total », qui embrassait tous les genres, proposait un érotisme exalté, une réflexion métatextuelle et un engagement politique). Les écrivains nés dans les années 1950 se sont appropriés de nouveaux procédés qui visaient à « morceler » la littérature. Parmi ces procédés figurent des voix narratives multiples, des univers parallèles, l'hybridité générique, une écriture « cinématographique » (visuelle et sonore), fragmentée, parsemée d'analepses et de prolepses.Afin de pouvoir analyser les limites de la totalité littéraire – plus précisément, romanesque – et de définir cette écriture postmoderne « éclatée », « antitotale », je me suis centrée sur trois œuvres qui englobent les années 1995-2010, écrites par des auteurs hispano-américains d'origine diverse (bien qu'appartenant à la même génération post-moderne ou post-nationale), imprégnées d'une esthétique propre, mais parsemées de personnages, d'une réflexion sur la littérature et d'une atmosphère/tonalité communs.Le roman fragmentaire, bref et polyphonique Flores (2004), du Mexicain Mario Bellatin, raconte de nombreuses histoires qui s'entrecroisent, dans un espace indéterminé et claustrophobique, dans lesquelles les personnages sont réduits à leur « Corps ».Vidas perpendiculares (2008), du Mexicain Álvaro Enrigue, utilise la même stratégie du « puzzle », de la fragmentation et simultanéité des récits. Ici, le narrateur relate cinq histoires d'amour qui ont marqué la vie d'un même personnage, Jerónimo, sous la forme de « réincarnations » successives, sur un ton ironique et plaisant.Quant au long roman (anti)total et apocalyptique du Chilien Roberto Bolaño, 2666 (2004), il évoque le destin de nombreux personnages – liés dans leur majorité au monde de la littérature- dans la ville fictive de Santa Teresa (Ciudad Juárez).Le Mexicain Jorge Volpi a intitulé l'un de ses articles les plus polémiques « La literatura latinoamericana ya no existe », mais le fait que la littérature se déconstruise, rompe avec les codes qui la définissaient, joue avec eux et/ou les réinvente, n'est-ce pas finalement une forme de littérature (et non pas d'absence de littérature), celle de l'éclatement, de la dislocation ?C'est justement cette nouvelle esthétique qui se cherche, en pleine quête identitaire, qui constitue à mon sens un grand intérêt. Et ce, particulièrement à une époque de « l'entre-deux » (siècles, générations, mondes).Pour approfondir ces aspects de la littérature contemporaine de langue hispanique, je me focaliserai essentiellement sur quatre aspects de l'esthétique élaborée par les écrivains qui conforment mon corpus : je définirai tout d'abord le concepts de totalité, d'unité, de modernité et de postmodernité, essentiels à toute réflexion ultérieure ; puis j'examinerai la structure à la fois totalisante et détotalisante de l'Œuvre de Bolaño, Bellatin et Enrigue ; et enfin, je m'intéresserai à la nature paradoxale et dichotomique de la littérature postmoderne latino-américaine, toujours à travers le prisme des trois auteurs.C'est seulement grâce à une étude comparative, théorique et analytique que je pourrai prétendre apporter un plus au domaine de la critique littéraire. Il s'agit donc pour moi de déterminer les caractéristiques (communes ou différentielles) de la littérature contemporaine, post-moderne, d'en souligner les desseins, les limites et les contradictions, tout en prenant en compte un contexte (politique, social, culturel, économique etc.) de plus en plus (omni)présent.