Thèse soutenue

Le Grand Giral, Jean-Antoine Giral (1713-1787) : l'architecte de l'embellisement du Peyrou de Montpellier

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Auteur / Autrice : Jean-Luc Pissaloux
Direction : Sabine Frommel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'architecture
Date : Soutenance en 2013
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : École pratique des hautes études (Paris). Section des sciences historiques et philologiques
Jury : Président / Présidente : Thierry Verdier

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le jardin du Peyrou de Montpellier est une place royale unique en son genre. Cependant, son architecte, Jean-Antoine Giral, qui transforma et embellit la promenade originaire au XVIIIème siècle, n’est pas bien connu. Cette étude essaie de combler ce vide en vue de faire connaître ce grand architecte et ses œuvres. Bien évidemment, le jardin du Peyrou est le grand œuvre de sa vie ; mais l’Hôtel Saint-Côme, son premier grand ouvrage, est aussi l’un des joyaux de l’architecture publique de Montpellier. En outre, Jean-Antoine Giral démontra son grand talent en tant qu’ingénieur : plus précisément, il fut un architecte-ingénieur, qui construisit des ponts et expérimenta la technique avec art. Les mots de simplicité, de sobriété, de fonctionnalité et d’élégance semblent qualifier au mieux l’art de Jean-Antoine Giral. L’œuvre giralienne est une œuvre épurée et facilement lisible, où l’économie de moyens (qui est la conséquence des contraintes variées imposées à l’artiste mais aussi de son tempérament naturel et de sa constante recherche d’améliorations, y compris dans le détail) est finalement synonyme de beauté. Jean-Antoine Giral, comme François Blondel, était convaincu que la qualité d’une œuvre architecturale est fonction à la fois de la technique constructive mise en jeu et de sa fonctionnalité pratique. À l’instar de D’Aviler, Giral essayait de réaliser une distribution intérieure à la fois efficace et fonctionnelle. Notre travail permet de dégager les caractéristiques des œuvres de Giral : le fréquent recours à l’ordre ionique considéré comme plus délicat et gracieux que l’ordre dorique ; la recherche de la transparence ; l’utilisation de l’arche en anse de panier, qui permet d’obtenir des formes surbaissées ; le degré monumental ; des piles massives ; des voûtes avec des voussoirs toujours prolongés jusqu’au bord du cadre ; la capacité de Giral à maîtriser et valoriser les espaces ouverts (de ce point de vue, le Peyrou en est une parfaite illustration). Toutes ces caractéristiques sont au service de la recherche de Giral pour le beau. Ces caractéristiques sont en outre présentes dans ses ouvrages d’art. Sa principale expérimentation technique, la construction d’un pont à plusieurs arches sans piles ni piliers, procède elle aussi de la recherche d’une forme à la fois justifiée constructivement et belle esthétiquement. Pour Giral, l’objet architectural n’est pas pure abstraction, ni une simple production de l’imagination sans lien avec la réalité. La technique artistique de Giral montre sa large culture scientifique et son goût pour l’innovation. Jean-Antoine Giral n’a pas pu donner la pleine mesure de ses talents : cet homme, authentique architecte et non simple bâtisseur, ingénieur savant mais non conformiste, esprit curieux et inventif, en somme un encyclopédiste véritable, semble avoir été un artiste entravé. Tout au long de sa carrière, il fut soumis à de très fortes contraintes, en particulier un modèle particulièrement médiocre et un site ingrat dans le cas du Collège de Chirurgie, des recommandations judicieuses mais très pressantes pour le Peyrou, et, bien évidemment, des sujétions financières. Néanmoins, il a montré une invention créatrice et produit des œuvres d’une grande qualité artistique. Il a toujours été capable de s’adapter aux contraintes : il a été capable de répondre avec réalisme aux aspirations des commanditaires ; il a été capable de valoriser les modèles imposés dans les reproduire servilement ; il est toujours apparu comme un homme de synthèse. En conclusion, Jean-Antoine Giral est un artiste complet, et un parfait exemple d’un homme des Lumières représentant le “bon goût à la française”