Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Aisha Nyiramana
Direction : Pierre-Michel ForgetBeth Kaplin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Christiane Denys
Examinateurs / Examinatrices : François Bretagnolle
Rapporteurs / Rapporteuses : Nina Farwig, Plinio Sist

Résumé

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La déforestation et la fragmentation en milieu tropical africain facilitent la chasse de subsistance. Les populations des grands mammifères les plus ciblés par la chasse ont déjà fortement diminué et sont désormais menacées d’extinction. Ces changements dans les communautés animales affectent les processus d’interactions entre les organismes et modifient la dynamique de tout l’écosystème forestier. Dans cette étude, nous avons cherché à mettre en évidence dans quelle mesure l’altération des relations entre un arbre et les animaux disperseurs de ses graines en milieu chassé pouvait impacter la régénération forestière. Ce travail a été réalisé dans le Parc National de Nyungwe, Rwanda, où l’éléphant forestier Loxodonta cyclotis est éteint depuis 1999 à cause du braconnage. Dans une première partie, nous avons étudié les stades de régénération, de la dissémination, et la survie des graines jusqu’au recrutement des plantules de Carapa grandiflora (Méliacée), un arbre de canopée qui produit de gros fruits semblables à ceux consommés et dispersés par les éléphants. Les graines sont également consommées et secondairement dispersées par les rongeurs. Dans une deuxième partie, nous avons étudié la diversité des plantes susceptibles d’être disséminées sur de longues distances par les éléphants et à courtes distances par les rongeurs. Malgré l’extinction de l’éléphant, les petits mammifères - dont le rat géant Cricetomys kivuensis - sont toujours présents dans le Parc National de Nyungwe. Les arbres de C. Grandiflora continuent à se régénérer et à produire des fruits dont les graines sont emportées et dispersées par C. Kivuensis. Les graines cachées isolément réussissent à germer et à s’établir autour de l’arbre parent. Par ailleurs, nos résultats mettent en évidence que les éléphants et les rongeurs pourraient interagir pour participer à la régénération des plantes à grosses graines sur des distances plus ou moins éloignées des arbres. Les rongeurs favorisent ainsi la survie et la résilience des espèces forestières à grosses graines qui ont perdu leurs agents de dissémination à longues distances. Les recherches à long terme sont indispensables pour approfondir le rôle des gros rongeurs dans la dynamique des forêts après l’extinction des grands mammifères en forêt tropicale africaine.