Thèse soutenue

Les dialogues militaires des ingénieurs italiens du XVIème siècle : transmision des savoirs et aspirations littéraires

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Auteur / Autrice : Michel Pretalli
Direction : Alfredo PerifanoLina Bolzoni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, littératures et civilisation des pays de langues européennes
Date : Soutenance le 25/11/2011
Etablissement(s) : Besançon en cotutelle avec Scuola normale superiore (Pise, Italie). Classe di lettere e filosofia
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences et techniques de l'Antiquité (Besançon) - Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité
Jury : Président / Présidente : Antonio Gonzales
Examinateurs / Examinatrices : Alfredo Perifano, Lina Bolzoni, Antonio Gonzales, Michel Plaisance, Andrea Torre, Carlo Vecce

Résumé

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La thèse comprend trois parties dont la première vise à définir le contexte historique et culturel dans lequel se développa la production littéraire prise en considération. Nous y décrivons la position d'infériorité relative qui était, depuis l'Antiquité, celle des praticiens (mechanici) par rapports aux lettrés et, plus généralement, aux représentants des arts libéraux. Nous décrivons ensuite le milieu dans lequel évoluèrent les auteurs des dialogues étudiés, c'est-à-dire la cour, centre névralgique et décisionnel de la société à cette époque et qui, passage obligé de l'ascension sociale, était aussi un milieu hostile et très fortement concurrentiel. Le prince occupait le sommet de sa hiérarchie et se situait au cœur des dynamiques internes qui l'animaient. Les techniciens tels que certains des auteurs des ouvrages étudiés devaient se confronter à ce milieu s'ils espéraient faire carrière. Les possibilités d'évolution professionnelle et sociale qui s'ouvraient à eux étaient réelles : les États italiens montrèrent en effet au XVIème siècle un intérêt certain pour les disciplines techniques et proto-scientifiques. Dans ce contexte, la production textuelle représentait un moyen d'action de première importance. Le livre pouvait en effet être conçu comme une monnaie d'échange dans les relations courtisanes, mais aussi comme un succédané à l'action militaire ou comme un moyen efficace pour la promotion des compétences de l'auteur.La deuxième partie de la thèse nous rapproche des textes qui forment le corpus de recherche. Le fait que ces ouvrages traitaient d'affaires militaires représentait un atout dans les cours de la péninsule au XVIème siècle et pouvait leur assurer une réception favorable tout en ouvrant des perspectives de carrière à leurs auteurs. Le premier chapitre de cette partie vise donc à montrer comment était perçue l'utilité de l'art militaire à cette époque. Si la rhétorique faisait de son exaltation un véritable lieu commun, la réalité historique conduisait à un constat unanime : celui de la nécessité urgente pour les États de la Péninsule, qui subirent des échecs cuisants dans la première partie du siècle notamment, d'améliorer l'efficacité de leurs armées. La production d'ouvrages militaires aux finalités didactiques s'encadre, en partie tout du moins, dans ce contexte et répond à la volonté de proposer une instruction militaire plus avancée. La manière dont les auteurs des dialogues étudiés cherchèrent à répondre à ce besoin vital dépendait substantiellement de leur conception de l'art militaire. On en distingue trois principales à cette époque mais toutes préconisent, dans des proportions et selon des modalités différentes, l'union des connaissances théoriques et pratiques. Les hommes de métiers – des membres de l'aristocratie ayant souvent reçu une certaine formation culturelle – revendiquaient la supériorité des savoirs pratiques et critiquaient ceux que l'on appellera les théoriciens purs. Dans leurs ouvrages, ils arrivaient parfois à remettre en cause la pertinence d'une transmission des savoirs militaires par l'écrit. Le paradoxe n'est cependant qu'apparent : la notion clé de l'experimentum – qui peut s'accommoder du support écrit – permet de le résoudre. L'approche de type humaniste, de son côté, relève d'une perspective générale et aristocratique de l'art. Le recours aux auctoritates antiques y est fréquent et les vertus classiques occupent une place de premier ordre. Enfin, les techniciens de la guerre faisaient des mathématiques le fondement essentiel de leur conception de l'art militaire moderne