Thèse soutenue

L’avers d’une Belle Époque : genre et altérité dans les pratiques et les discours d’Alexandre Lacassagne (1843-1924), médecin lyonnais

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Muriel Salle
Direction : Michelle Zancarini-Fournel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 18/09/2009
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....) - Laboratoire de recherche historique Rhone-Alpes
Jury : Président / Présidente : Agnès Fine
Examinateurs / Examinatrices : Marc Renneville, Olivier Faure, Dominique Kalifa, Philippe Artières

Résumé

FR  |  
EN

On retrace ici le parcours du docteur Alexandre Lacassagne (1843-1924), médecin lyonnais, trajectoire personnelle et scientifique d’un savant de la fin du XIXe siècle, fondateur de l’anthropologie criminelle et d’une école de criminologie passée à la postérité sous le nom d’ « école lyonnaise ». Formé à l’école de santé militaire, il est de cette génération d’hommes et de républicains forgés au feu de la guerre franco-prussienne, de la chute de l’Empire et des débuts de l’aventure coloniale et républicaine. La reconstitution de ses réseaux professionnels, l’étude de ses prises de positions intellectuelles, permet de montrer qu’il est un savant emblématique de son temps. Sa bibliothèque révèle ses états d’âme. L’analyse des ouvrages fait émerger une angoisse récurrente, celle de l’altérité : des criminels bien sûr, mais aussi des femmes, des fous, des invertis, des « primitifs », dont les inquiétantes figures contrastent avec l’image de légèreté et de foi inconditionnelle dans le Progrès qui est habituellement celle de la Belle Époque. L’anthropologie et l’anthropométrie se mettent au service d’une frénésie taxinomique qui trahit l’inquiétude générée par toute indétermination, désormais intolérable. Un double processus d’essentialisation et de hiérarchisation se trouve aux fondements des discours justifiant l’exclusion persistante de certaines catégories de populations, rejetées en deçà de l’Universel. Lacassagne nous sert d’œilleton pour examiner les enjeux biopolitiques de cette exclusion. C’est l’avers, cette face de la médaille qui porte une effigie – et qui serait frappée à celle de l’Autre en cette fin de siècle – et le portrait d’un homme et de son temps par l’inventaire de ses aversions, qu’on a voulu reconstituer.