Thèse soutenue

De la biomédecine à l'anthropogénie : réflexion épistémologique et éthique

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Auteur / Autrice : Jérôme Goffette
Direction : Jean Gayon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Dijon
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean Gayon, Claude Debru, Anne Fagot-Largeault, Dominique Folscheid, Jean-Jacques Wunenburger

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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En premier lieu, nous avons dû reconnaitre que dans le champ biomédical était un ensemble de pratiques ne relevant pas des épistèmes de la biologie et de la médecine. Il nous fallut ainsi penser la nouvelle épistème soutenant ces pratiques et envisager la naissance d'une nouvelle discipline. Cette dernière, que nous avons appelée anthropogénie, se révèle avoir pour finalité spécifique l'amélioration de l'homme par des techniques de modifications biologique, ce qui s'écarte nettement d'une discipline de santé ou de connaissance du vivant. Dans un second temps, nous avons essayé de brosser le tableau des pratiques, effectives ou possibles, de l'anthropogénie. L'amélioration peut porter sur des fins plus précises : force, intelligence, esthétique, procréation, bonheur, jouvence et longévité, etc. De plus, la consultation anthropogénique, sans souci de santé, doit suivre un schéma diffèrent du médical : il n'y a plus prescription du médecin et obligation d'assistance, mais choix informe et décision du client. En conséquence, l'éthique médicale, structurée par le pathologique et le normal, ne peut s'appliquer ici, où jouent le normal et l'améliore. Bien des problèmes "bioéthiques" nous paraissent ainsi dus à une confusion des genres (les pratiques en cause, souvent typiquement anthropogéniques, et témoignent). Des lors, seule une réflexion éthique générale peut permettre de poser ensuite un cadre déontologique pour l'anthropogénie. L'éthique de la responsabilité ici dégagée prend assise sur la distinction de trois modes de l'agir (liberté, spontanéité et servitude) et sur une définition de l'autonomie responsable (choix délibéré, jugement à posteriori et examen axiologique), tendue dans une exigence morale. La déontologie anthropogénique devrait alors comprendre une règle de délibération préalable à l'autorisation des pratiques, des temps de réflexions pour freiner la spontanéité impulsive, et la détermination du licite par expression de la souveraineté démocratique (expression de la majorité et non consensus négocié), etc.