Thèse soutenue

Les opérations extérieures de la Marine nationale sous la Ve République, 1958-2011

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Auteur / Autrice : Dominique Guillemin
Direction : Martin Motte
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire militaire, défense et sécurité
Date : Soutenance le 29/06/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration dans l'Europe moderne et contemporaine (Paris)
Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Jenny Raflik
Examinateurs / Examinatrices : Martin Motte, Jenny Raflik, Anne-Claire de Gayffier-Bonneville, Yves Bruley, Beatrice Heuser, Pierre Vandier
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Claire de Gayffier-Bonneville

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse consacrée aux opérations extérieures de la Marine nationale sous la Ve République (1958 -2011), trouve son origine dans un projet de recherche mené par le Service historique de la Défense à la demande de l'état-major de la Marine. Déclinaison universitaire d'une demande de l'institution militaire, elle a bénéficié de l'accès à des sources protégées, déclassifiées à cette occasion.L'expression « opération extérieure » (abrégée en Opex) désigne les interventions militaires françaises à l'époque post-coloniale. Cette notion reste cependant assez floue dans la mesure où elle englobe des missions très variées, de l'aide humanitaire à l'action de vive force, dont beaucoup restent peu connues. La définition des « Opex » et leur identification est donc le préalable indispensable à l'écriture de cette histoire. Par ailleurs, cette imprécision correspond à une période de l'histoire des relations internationales où la notion de guerre s'efface au profit de celle de crise, juridiquement non définie. C'est dans cette zone grise que les Opex se déploient progressivement avec les traits communs suivants : une mission ponctuelle, définie par un mandat précis ; la projection de forces hors du territoire national ; un objectif affiché de stabilisation ou de gestion de crise.L'activité opérationnelle de la flotte est retracée à travers trois facteurs dimensionnants. Le premier, au cœur de l'identité de la Marine, est la logique spatiale dans une double dimension. D'une part, la maîtrise du milieu nautique considéré comme la capacité à tirer profit des particularités physiques, géopolitique et juridiques du milieu maritime pour y mener opérations « par la mer », dans un cadre interarmées et non plus exclusivement naval. D'autre part, les espaces maritimes privilégiés en fonction des priorités stratégiques identifiés par la politique extérieure de la France. La Marine développe ainsi un tropisme marqué pour l'océan Indien dont l'éloignement de la métropole et la littoralisation des zones d'intérêts valorise particulièrement ses capacités.Le second facteur dimensionnant est l'évolution de la doctrine d'intervention extérieure de la Ve République. La trame narrative de l'activité de la flotte illustre le passage d'une position essentiellement défensive pour aboutir, au tournant du nouveau millénaire, à un interventionnisme volontariste au sein de coalitions. L'histoire des Opex devient alors celle de la conquête de l'interopérabilité avec les marines alliées. Cela justifie une comparaison avec les deux autres marines à vocation mondiale que sont l'US Navy et la Royal Navy : la première comme modèle intégrateur d'une certaine modernité, et la seconde comme un partenaire comparable dont la copération est activement recherchée.Enfin, la question des moyens et une troisième clef de lecture déterminante. Les opérations extérieures de la Marine nationale sont d'abord limitées à diverses formes de diplomatie navale, mais la Guerre du Golfe (1990-1991) révèle ses carences quand il s'agit de mener des opérations de haute intensité dirigées contre terre. Il en résulte un effort d'adaptation qui porte ses fruits à partir de la Guerre du Kosovo, en 1999, et culmine par une participation au premier plan à la guerre contre la Libye, en 2011. Le fil conducteur des Opex permet de s'interroger sur le modèle de la flotte française à travers plusieurs thématiques telles que l'équilibre entre les forces de présence outre-mer et les forces d'intervention, le dilemme de la sophistication ou du nombre des plateformes, ou encore le choix d'une marine « macrocéphale » ne possédant qu'un seul porte-avions.Alors que la maritimisation du monde tend à renforcer le rôle des flottes dans la stratégie globale, cette thèse entend donner du sens à une cinquantaine d'années d'activités profuses qui placent souvent la Marine nationale « au premier rang de la puissance guerrière de la France », selon l'intuition de Charles de Gaulle.