Thèse en cours

L'habit ne fait pas le genre. Des tisseuses, des tissus et des techniques au Burkina Faso

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Auteur / Autrice : Laura Fortin
Direction : Jean-Bernard Ouedraogo
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Inscription en doctorat le 07/12/2016
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Résumé

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Cette thèse s’attache à mener une analyse anthropologique de la filière textile au Burkina Faso à partir du croisement des enjeux du genre et des techniques. En s’inscrivant dans le cadre théorique et épistémologique des feminist theories of technology et à partir d’une enquête ethnographique de quinze mois au Burkina Faso, mêlant entretiens, observations et films, et de la collecte d’archives missionnaires, coloniales et institutionnelles, ce travail s’applique à montrer comment s’articulent et se coconstruisent le système technique de la transformation textile et l’organisation sociale burkinabè. En particulier, l’objectif est de comprendre et d’analyser les phénomènes contemporains de l’essor du tissage féminin et de l’attachement à l’étoffe tissée que l’on appelle « faso dan fani », qui structurent la filière textile actuelle et détiennent une importance particulière dans le pays. En étant attentive à l’organisation du système socio-technique de la transformation du coton qui a façonné la société burkinabè depuis une époque précoloniale, l’analyse met en évidence les bouleversements et les transformations de la filière textile, induits, au XXème siècle, par la conquête coloniale française, les œuvres d’évangélisation des missionnaires chrétiens et par la gouvernance de l’Etat burkinabè après l’indépendance du pays. Cette appréhension de la filière textile dans une perspective historique révèle alors une dynamique du changement, en même temps que la (re)production d’identités complexes – notamment de genre – et de rapports sociaux, de hiérarchies et d’une division sexuée du travail. Elle permet également de fournir les clefs de compréhension de l’organisation de la production textile actuelle et du contenu des processus techniques qu’elle met en œuvre, ainsi que de leurs évolutions. L’analyse de la communauté de pratique des « tisseuses », à partir de la question de l’apprentissage, rend compte des divers modes d’engagement qui lient ces artisanes entre elles et les intègrent à la communauté, et met à jour une socialisation et des processus de subjectivation genrés. Par une attention portée conjointement à la commercialisation des tissus artisanaux locaux et à leurs usages, ce travail met en avant le rapport que les individus entretiennent avec la filière textile, en retraçant leurs efforts de développement, de gouvernance et de patrimonialisation. In fine, à partir d’une démarche et d’une ethnographie situées, sensibles au genre, cette thèse entend apporter une contribution renouvelée à l’étude des techniques en anthropologie.