Thèse en cours

Comment les comportements de prévention interagissent-ils avec le contexte? : les théories de la psychologie de la santé à l'épreuve de la pandémie de COVID-19

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Auteur / Autrice : Kathleen anne Charters
Direction : Jocelyn Raude
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Psychologie et psychologie sociale
Date : Inscription en doctorat le 27/10/2016
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Résumé

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La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l'importance des comportements de prévention pour réduire la propagation de la maladie et le fardeau sanitaire associé. Comprendre les déterminants psychologiques qui motivent l'engagement comportemental est donc essentiel dans un contexte épidémique. Au début de la pandémie, relativement peu de recherches portaient sur la dynamique de la réponse comportementale humaine face à cette menace épidémique en constante évolution. Cette recherche a cherché à combler cette lacune dans la littérature, d'abord en examinant les théories psychosociales des comportements de prévention existantes dans le contexte de la pandémie, et ensuite en élargissant cette base théorique pour tenir compte des effets de la situation épidémique, mettant ainsi les comportements de prévention en contexte et intégrant le contexte dans la théorie des comportements de prévention. La première partie de la recherche doctorale porte sur deux problématiques relatives aux comportements de santé qui préoccupaient les chercheurs et les autorités sanitaires: l'optimisme irréaliste et la compensation du risque. Les résultats de la première étude transversale répétée (N=12378), menée avant, au début et au pic de la première vague épidémique (février–avril 2020) en France, en Italie, en Suisse et au Royaume-Uni, ont indiqué que les participants de ces quatre pays devenaient de plus en plus optimistes de manière irréaliste avec le temps et que cette tendance était associée à un désengagement comportemental. Les résultats de la deuxième étude (N=14003) menée au cours des huit premiers mois du campagne vaccinale en France (février–septembre 2021) suggèrent l’existence d’une faible compensation du risque observable vers la fin de la campagne, en particulier s’agissant de l'évitement des rassemblements sociaux, parmi les participants présentant un schéma vaccinale complet. Puisque les résultats de ces premières études indiquaient que le contexte épidémique influençait la perception du risque et l'adhésion aux mesures de contrôle, nous avons cherché à caractériser dans la deuxième partie de la thèse l'effet du contexte épidémiologique sur les déterminants sociocognitifs des comportements de prévention, comblant ainsi une lacune dans la recherche dans ce domaine. Dix-sept enquêtes bimensuelles ont été menées sur neuf mois (mars–novembre 2020, N=34016). Une analyse de regression multiniveaux a révélé une association entre le contexte épidémiologique et les comportements de prévention, le temps modérant toutefois l'effet de l'incidence sur le comportement. Ensuite, une analyse plus approfondie des pistes causales a indiqué que l'effet du contexte épidémiologique sur le comportement n’était que partiellement médié par des variables sociocognitives. Étonnamment, à l'exception des normes sociales perçues, les variables de cognition sociale traditionnellement considérées comme déterminant de la réponse comportementale, ont peu contribué à la médiation de la relation entre le contexte épidémiologique et le comportement. Les implications pour la théorie, de futures recherches, ainsi que la pratique et la politique en matière de santé publique, sont discutées. Les résultats de cette recherche soulignent la nécessité de renforcer la théorie, tout en l'examinant, en la testant et en l'élargissant dans des contextes divers et variés. À travers l’élargissement de la théorie existante à une épidémie d'une maladie infectieuse émergente, la COVID-19, cette recherche explore les différents facteurs d'influence et les mécanismes causaux potentiellement impliqués dans le processus psychologique complexe et dynamique d'évaluation du risque et l'engagement comportemental qui en résulte. En plaçant la théorie dans son contexte et le contexte dans la théorie, cette recherche doctorale cherche à faire progresser la théorie, apportant ainsi une contribution significative au domaine de la recherche sur les comportements de prévention en matière de santé.