Thèse soutenue

Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean en Auvergne et en Velay (XIIème – XVème siècles) : structures spatiales, cadres de vie et architectures

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Auteur / Autrice : Laurent D'Agostino
Direction : Laurent Schneider
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Pierre-Yves Laffont
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-Yves Laffont, Pascale Chevalier, Philippe Josserand, Anne Baud, Jean-Michel Poisson
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Chevalier, Philippe Josserand

Résumé

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En janvier 1129, le concile de Troyes a consacré la naissance du premier ordre religieux militaire de la Chrétienté, l’ordre du Temple, voué à la défense des Etats Latins d’Orient. À sa suite, l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean, d’abord tourné vers le soin et l’accueil des pèlerins et des malades à Jérusalem, a opéré cette mutation fondamentale et s’est militarisé dans les années 1130. Pour soutenir le front de la guerre permanente entre les Etats latins et les Sultanats ayyoubides puis mamelouks et financer leurs multiples châteaux et leurs garnisons, les Templiers et les Hospitaliers ont développé une institution originale, la commanderie. Destinées à organiser et à faire fructifier les possessions réunies en Occident, ces seigneuries ecclésiastiques furent fondées principalement à partir des donations des lignages seigneuriaux qui se reconnaissaient dans l’action concrète de ces ordres chevaleresques et y trouvaient une réponse à leurs aspirations spirituelles. Elles regroupaient des terres, des droits, des bâtiments et des infrastructures économiques, au sein desquelles vivait et travaillait une population de frères, mais aussi de convers, les donats, de salariés et de tenanciers. Organisées en circonscriptions territoriales régionales, les Provinces pour le Temple et les Langues pour l’Hôpital, ces commanderies regroupaient un réseau de dépendances, les membres, autour d’un chef-lieu. À leur tête, chaque commandeur jouissait d’une certaine autonomie par rapport au siège de son ordre mais devait, chaque année, assurer la rentabilité de son domaine et reverser au couvent une part de ses revenus, la responsio. Au cœur du Massif central, dans les anciens diocèses de Clermont, de Saint-Flour et du Puy, les ordres religieux militaires étaient présents dès les années 1130 et ont développé leurs premières maisons avant le milieu du XIIème siècle. Taillées dans les marges de territoires déjà très largement occupés par d’autres ordres religieux plus anciens, les commanderies s’organisaient en réseaux structurés autour des villes et des axes routiers, leur permettant un accès aisé aux infrastructures économiques. Les maisons plus rurales étaient réparties sur tout le territoire et les granges, petites exploitations agricoles autonomes, géraient une partie du domaine et permettaient de diversifier l’activité et les sources de revenus, par la céréaliculture et la viticulture en Limagne et dans le val d’Allier, par l’élevage bovin et ovin sur les hauts plateaux du Velay, de la Margeride et des Combrailles et dans les estives des massifs plus élevés du Sancy et du Cantal. Au-delà d’un outil de gestion économique, la commanderie se définit aussi sous l’angle de ses manifestations matérielles, dont une partie seulement nous est parvenue ; au centre de chaque domaine, les Templiers et les Hospitaliers ont construit de nombreux bâtiments religieux, résidentiels et agricoles. Le croisement des sources écrites et des données archéologiques livre une image dynamique de ce que les textes nomment la « maison de la commanderie », associant des édifices conventuels dans lesquels résidaient les frères, des chapelles destinées à la communauté religieuse et, parfois, des églises paroissiales qu’ils administraient, participant à l’encadrement spirituel des populations, enfin des espaces agricoles et utilitaires. Au fil du Moyen Âge, l’organisation et l’architecture de ces maisons a connu plusieurs mutations majeures, marquées tout d’abord par le procès du Temple et la remise de ses biens aux Hospitaliers, qui entraînèrent de profondes modifications dans l’organisation des domaines. Puis les crises du XIVème siècle et enfin les guerres de Religion ont provoqué, dans un double mouvement, la destruction et la ruine de nombreux édifices et, parallèlement, la fortification de ceux qui subsistaient.