Thèse soutenue

La conquête du paradis du diable : le droit international, l’expansion de la « frontière » et le pouvoir capitaliste

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Filipe Antunes Madeira da Silva
Direction : Emmanuelle Jouannet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit
Date : Soutenance le 29/11/2022
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : Institut d'études politiques (Paris). École doctorale
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : École de droit de Sciences Po (Paris)
Jury : Président / Présidente : Helena Alviar García
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuelle Jouannet, George Rodrigo Bandeira Galindo, Jorge Luis Esquirol, Horatia Muir Watt, Anne Orford
Rapporteurs / Rapporteuses : George Rodrigo Bandeira Galindo, Jorge Luis Esquirol

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse raconte une histoire du droit international dans la création d’une frontière de marchandises en Amazonie. Je me concentre sur le processus d’incorporation d’une région particulière appelée Putumayo dans les dynamiques capitalistes, qui a commencé pendant la première fièvre du caoutchouc en Amazonie à la fin du XIXème siècle. En examinant les pratiques et les discours juridiques des acteurs de cette frontière qui utilisaient des mécanismes juridiques pour façonner l’expansion capitaliste, je propose une histoire décentrée et élargie du droit international qui met en lumière sa relation intime avec le pouvoir capitaliste. En adoptant une approche généalogique, je choisis quelques exemples qui révèlent comment des acteurs situés à différents endroits et à différentes échelles circulent et interagissent, s’appropriant le droit international pour participer de l’exploitation et la distribution des ressources naturelles. Je commence par deux histoires de conquête. Elles montrent comment les acteurs frontaliers ont utilisé le droit pour tracer les limites entre le pouvoir politique des États et le pouvoir économique des marchés en établissant un marché intégré aux circuits mondiaux dans le Putumayo tout en consolidant le pouvoir territorial des États. Une lecture attentive de ces articulations révèle également un imaginaire particulier de la frontière comme un site à occuper et à ordonner, qui légitime et organise l’expansion de l’autorité du droit international sur de nouveaux territoires, de nouvelles ressources et de nouvelles populations. Après avoir démontré comment le droit international permet l’incorporation capitaliste à la frontière, j’étudie la continuité de la création de frontières dans le présent, en explorant une histoire de résistance dans laquelle des personnes et communautés marginalisées dans la création d’un marché de caoutchouc s’approprient les discours juridiques internationaux pour défier la frontière capitaliste. Ainsi, la frontière apparaît à la fois comme un site à partir duquel le droit international a légitimé et organisé l’ordre capitaliste et à partir duquel il peut être mobilisé pour contester le pouvoir capitaliste.