Thèse en cours

Sécurité des espaces sportifs : analyse de l’influence des intérêts, des subcultures, des attitudes des parties prenantes sur la divergence des pratiques sécuritaires des grands événements.

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Auteur / Autrice : Florian Kerzerho
Direction : Dominique Bodin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences sociales
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2010
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LIRTES - Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et des pratiques sociales

Mots clés

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Résumé

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La sécurité des espaces sportifs. Analyse de l’influence des intérêts, des subcultures, des attitudes des parties prenantes sur la divergence des pratiques sécuritaires des grands événements. Depuis que le sport est devenu un objet d'études, le sens et les finalités qui lui sont attachés sont sujets à diverses interprétations par les spécialistes des sciences humaines et sociales. A titre d'exemple, la seule question de la définition du sport a alimenté les débats théoriques sans être jamais totalement close. De nombreux travaux montrent que le sport ne peut en aucun cas être envisagé comme un fait social indépendant de son contexte : ses relations avec l'économie (Andreff, 2000 ; Bourg et Gouget, 1998 ; Hillairet, 2002), avec la science (Jeu, 1987), avec la politique (Dunning, 1986 ; Brohm, 2006)... sont aujourd'hui, mieux connues. Dès lors, plutôt que de chercher à définir le sport, il est préférable de l’approcher comme catégorie sociale complexe dont le « spectacle » prend aujourd’hui une dimension de plus en plus centrale. Aussi, le sport est l'occasion de rassemblements humains importants, qu'ils soient ponctuels ou récurrents. Ces rassemblements humains importants posent la question de la sécurité des participants et des spectateurs. Citons "le drame du Heysel" : dans ce stade bruxellois, 39 supporters de la Juventus de Turin trouvent la mort, devant les caméras de télévision, dans un mouvement de foule provoqué par les assauts de fans anglais de Liverpool traumatisant l’opinion publique et faisant de la violence des supporters de football « un problème social à l’échelle européenne ». Qui plus est, le caractère extrêmement médiatique de ces spectacles augmente encore les conséquences du moindre incident. Les pouvoirs publics ont ainsi au cours du temps été amenés à construire un système législatif et règlementaire répondant aux contraintes spécifiques de ce type de manifestation. Cette démarche ne constitue pas un sujet de controverse dans son principe mais suscite un débat dans ses mises en application. La question est constitutive d'enjeux forts aussi bien sur le plan des organisateurs, des partenaires des évènements, des spectateurs eux-mêmes, que pour les pouvoirs publics. D'autant qu'à partir de 1994, le Ministère de l'Intérieur instaure, à l’occasion des rencontres de football, le partage de la sécurité entre puissance publique et acteurs privés (circulaire 94403IIC du 9 décembre 1994), tâche incombant uniquement à la puissance publique avant cette date. L’organisateur devient responsable du maintien de l’ordre à l’intérieur des stades, l’Etat restant pour sa part responsable du maintien de l’ordre à l’extérieur et pouvant aussi intervenir dans les stades lorsque les circonstances l’exigent. Cette circulaire pousse à la création et à la généralisation de la fonction de stadier, sensibilisant ainsi les organisateurs au développement d’une approche préventive mettant l’accent sur la qualité de l’accueil et la fluidité des déplacements à l’intérieur du stade. Aussi, les sociétés privées de sécurité événementielle ont vu le jour par la volonté d’entrepreneur de s’engouffrer dans cette niche ou par la volonté de diversification de grands groupes. Mais cette transmission de témoin n'est pas sans enjeux. A chaque manifestation, à des échelles différentes, correspondent divers aléas (risques) contre les personnes, contre l’espace, contre les biens. La gestion des accidents et des situations à risque occupe une place de choix dans l’organisation des grands événements car elle est au cœur des préoccupations de chacun : « La crainte et l’appréhension de la foule, d’actes plus ou moins violents, voire d’attentats depuis le 11 septembre 2001, peuvent engluer l’effervescence du lieu et gâcher la fête » (Desbordes, 2004). Cette déresponsabilisation de l’Etat au profit d’un organisateur privé a modifié les pratiques sécuritaires : - le coût est dorénavant imputé à l’organisateur cependant nous remarquons des différences de répartition de la charge financière (Piera, 1998) ; - le dispositif est dorénavant composé d’agents privés de sécurité mais il existe des proportions inégales dans cette coproduction (sociétés de sécurité privée, unités de force mobile, bénévoles…) ; - il impute à l’organisateur la responsabilité à l’intérieur de l’enceinte mais a lieu une inégalité dans le partage géographique (intérieur/ extérieur du stade) (Diaz, 2003) ; - la responsabilité incombe à l’organisateur cependant des divergences dans la chaîne de commandement (préfecture, organisateur, sécurité privée…) sont à remarquer ; - le dispositif est composé par l’organisateur mais avec une disproportion dans la mise en place des dispositifs de sécurité (logique de positionnement, nombre et qualification des effectifs…) ; - l’organisateur se doit d’appliquer les textes de lois mais avec des divergences sur la mise en œuvre de sanctions, - l’organisateur se doit d’appliquer le cahier des charges du détenteur des droits mais nous pouvons remarquer un contraste important sur l’utilisation des nouvelles technologies, l’architecture des stades. Aussi, il est intéressant de se poser la question des influences afin de montrer que la diversité des pratiques, telle qu’elle se manifeste dans la gestion de la sécurité des enceintes sportives, est mise en œuvre par une multiplicité d’acteurs dont les intérêts, les subcultures et les attitudes varient considérablement. Des questions sous-jacentes viennent ici la compléter : Quel est l'impact de la puissance étatique sur la diversité des dispositifs de sécurité ? Quel lobby les sociétés privées de sécurité ont sur les organisateurs de grands événements ? Quel est l’influence du Préfet dans la proportion des dispositifs ? Quelle est le niveau d’implication des agents dans la divergence des sanctions ? Quelle est l’influence économique du Club sur l’utilisation de la vidéosurveillance ? Nous reprendrons le sens de l’analyse de Ocqueteau sur les agents de sécurité en le transposant aux organisateurs qui faut qu’une meilleure compréhension collective des situations complexes concrètement vécues par les organisateurs de la sécurité des grands événements améliorerait leur condition d’exercice, « si tous les acteurs de la « chaîne de sécurité » admettaient être en interdépendance les uns avec les autres, plutôt que de tirer chacun les marrons du feu, au grand dam des citoyens à protéger. » (Ocqueteau, 2011).