Thèse soutenue

Le gouvernement des sciences : politique, épistémologie et idéologie chez Auguste Comte

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Auteur / Autrice : Giovanni Minozzi
Direction : Bruno KarsentiPierpaolo Cesaroni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 28/10/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universita degli studi (Padoue, Italie). Dipartimento di sociologia
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Cristina Chimisso
Examinateurs / Examinatrices : Bruno Karsenti, Pierpaolo Cesaroni, Cristina Chimisso, Cristina Cassina
Rapporteurs / Rapporteuses : Cristina Chimisso, Cristina Cassina

Résumé

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Ce travail de recherche est consacré à une enquête sur la relation entre épistémologie et politique dans l'œuvre d'Auguste Comte, visant à clarifier le lien entre le développement de sa philosophie historique des sciences et le projet de fonder une science des phénomènes sociaux capable de surmonter les contradictions qui habitent les concepts politiques modernes. Pour aborder cette question, la catégorie de l'idéologie scientifique, développée par le philosophe Georges Canguilhem, a été choisie comme principal outil d'interprétation. L'ouvrage a donc la double ambition de proposer une relecture originale du fondateur du positivisme et de montrer réciproquement comment sa pensée a influencé tout le courant de l'épistémologie dite historique française. Cependant, les enjeux de cette lecture ne sont pas purement historiques. En effet, nous pensons que le retour sur la pensée comtienne nous permet de mettre en lumière un certain impensé des sociétés modernes en ce qui concerne le problème des relations entre la science et le gouvernement. L'ouvrage se déroule en trois chapitres, qui suivent de près la genèse et l'évolution de l'itinéraire intellectuel de Comte, en s'attachant, dans le cadre d'une lecture unifiée de sa pensée, aux tensions et aux ruptures qui ponctuent sa problématique fondamentale. Le premier chapitre montre, après avoir situé la pensée de Comte dans la genèse plus large des sciences sociales, comment Comte élabore progressivement une réflexion autonome sur le rôle du pouvoir spirituel dans les sociétés modernes. Le deuxième chapitre porte ensuite sur la réinterprétation de la philosophie des sciences de Comte comme prélude nécessaire à la position scientifique du problème du gouvernement. Le troisième chapitre se concentre enfin sur le fondement comtien de la sociologie et sur la transformation que subit le problème de la réorganisation de la société en tant que projet indissolublement épistémologique et idéologique. La conclusion est consacrée aux tentatives de Comte d'intercepter les forces sociales émergeant de la transition révolutionnaire et de transformer sa philosophie scientifique en un projet idéologique d'unification sociale, ainsi qu'à une évaluation, à la lumière de l'échec historique du positivisme en tant que projet politico-religieux, de la pertinence paradoxale que ses principales intuitions philosophiques conservent pour repenser notre présent politique.