Thèse soutenue

Cartographie interactive du langage et de la mémoire chez les patients avec épilepsie focale et pharmaco-résistante. Evaluation multimodale

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Auteur / Autrice : Sonja Banjac
Direction : Monica Baciu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives, psychologie et neurocognition
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie et neurocognition (Grenoble ; Chambery ; 1996?-....)
Jury : Président / Présidente : Pascal Hot
Examinateurs / Examinatrices : Monica Baciu, Laurent Vercueil, Melissa C. Duff
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillaume Herbet, Agnès Trébuchon-Da Fonseca

Résumé

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Les cadres théoriques actuels suggèrent que les comportements humains sont basés sur des interactions fortes et complexes entre les processus cognitifs, tels que ceux qui sous-tendent le langage et la mémoire déclarative, et qui reposent sur l’interaction entre les réseaux corticaux sous-jacents. Les patients atteints d’épilepsie du lobe temporal (TLE) constituent un modèle pour l’étude de l’interaction entre le langage et la mémoire puisqu’ils présentent fréquemment des difficultés dans ces deux domaines. L’objectif de cette thèse était double. D’une part, elle visait à décrire l’interaction langage-mémoire du point de vue des neurosciences cognitives fondamentales. D’autre part, elle s’est concentrée sur l’application clinique de cette perspective interactive.Dans le présent travail, nous démontrons d’abord comment le langage et la mémoire peuvent être cartographiés de manière interactive en utilisant un nouveau protocole d’IRMf (Imagerie par Résonnance Magnétique fonctionnelle). En utilisant ce protocole chez des individus sains, nous montrons que cette interaction est basée sur un vaste réseau fronto-temporo-pariétal du langage et de la mémoire (LMN) qui inclut des structures sous-corticales, et qui correspond bien au réseau auquel on pourrait s’attendre sur la base des modèles existants. Nous avons ensuite exploré la réorganisation du LMN chez des patients TLE gauche en utilisant le même protocole. Nos résultats indiquent que ces patients utilisent un LMN similaire, mais démontrent une réorganisation inter- et intra-hémisphérique étendue. Ils ont présenté une activité réduite des régions engagées dans l’intégration et la coordination du LMN. Suite à ces résultats, nous avons exploré la dynamique fonctionnelle de ce réseau interactif. Nous avons montré que le LMN est dynamique et se reconfigure en fonction des exigences de la tâche et de l’état neurologique. En explorant les différences entre les configurations du LMN dépendant de l’état, nous avons identifié les sous-processus clés du langage et de la mémoire déclarative que le réseau tente de soutenir par son adaptation. D’autre part, l’étude de cette reconfiguration chez les patients TLE nous a permis de comprendre les processus supplémentaires dont l’interaction langage-mémoire a besoin lorsque l’interface standard n’est pas fonctionnelle.Nous concluons notre travail en proposant un modèle neurocognitif de l’interaction langage mémoire basé sur l’intégration de nos résultats. De plus, nous discutons de l’importance d’explorer cette interaction dans le cadre de l’évaluation pré-chirurgicale des patients TLE, en particulier au niveau individuel. En outre, nous présentons comme perspectives de ce travail la prédiction multimodale des résultats cognitifs post-chirurgicaux chez les patients TLE. Notre travail soutient la perspective selon laquelle les fonctions cognitives complexes et interactives, telles que le langage et la mémoire déclarative, devraient être étudiées de manière dynamique, en tenant compte de l’interaction entre les réseaux cognitifs et corticaux.