Thèse soutenue

Gouvernance et participation : une approche communicationnelle des dispositifs participatifs en contexte local : le cas des conseils citoyens, de la presse associative de quartier et des indicateurs de bien-être "co-élaborés" avec les habitants

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Auteur / Autrice : Natacha Souillard
Direction : Pascal Marchand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 12/02/2019
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'études et de recherches appliquées en sciences sociales (Toulouse ; 1983-....)

Résumé

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Ce travail entreprend la mise en perspective de la participation citoyenne à partir de discours produits dans le cadre de dispositifs et de configurations sociales distinctes : les conseils citoyens, la presse associative de quartier et les indicateurs de bien-être "co-construits" avec les habitants. En cela, nous nous intéressons aux façons dont les dispositifs déployés, qu'ils soient institutionnalisés ou non, façonnent les discours des acteurs mais aussi comment les acteurs se les approprient et les utilisent en fonction des configurations sociales dans lesquelles ils s'insèrent. Ensuite, au regard de leur ancrage institutionnel et territorial, il s'agit de comprendre en quoi ces dispositifs participatifs peuvent être considérés comme des instruments des politiques publiques qui seraient porteurs d'enjeux communicationnels. En vertu de leur portée relationnelle, ces enjeux communicationnels témoignent d'une transformation profonde de l'action publique sous l'effet de la gouvernance néolibérale, elle-même travaillée par une injonction croissante en faveur de la délibération et de la prise en compte des objectifs de développement durable. Après présentation du cadre épistémologique et méthodologique de l'analyse statistique de données textuelles (textométrie) qui préside à cette étude, nous délimitons le contexte institutionnel général dans lequel les procédures participatives étudiées se sont vues promues au rang de nouvelle donne politique. L'ancrage de ces dispositifs dans un contexte institutionnel en mutation, celui de la mise en œuvre des politiques publiques et de leur évaluation, fortement influencé par les instances européennes, les pose, de facto, comme une instrumentation de l'action publique. Ce faisant, nous nous intéressons aux transformations de l'État et de l'action publique sous le triple effet de la mondialisation, des logiques gestionnaires qui animent les processus d'intégration régionaux et de la domination d'une topique néolibérale. Nous abordons ensuite successivement la participation, telle qu'elle est à présent théorisée et telle qu'elle prend forme à travers le dispositif des conseils citoyens, c'est-à-dire comme un "agir communicationnel" institutionnellement normé. Puis, nous nous intéressons, à partir de la presse associative de quartier, aux composantes identitaires du territoire, entre discours et contre-discours, ainsi qu'aux formes de participation citoyenne conquise que ces discours produits sur le quartier nous permettent d'appréhender. Il est alors possible d'interroger, en comparant les productions des conseils citoyens et celles des journaux de quartier, les variations sémantiques attenantes aux figures de l'habitant et du citoyen. En raison de l'inscription territoriale des dispositifs participatifs, souvent localisée dans un espace circonscrit autour du lieu de vie, il devient difficile de différencier les rôles et le pouvoir social qui incombent à chacune de ces deux figures qui ne sont pourtant pas nécessairement superposables. Enfin, la "co-construction" d'indicateurs de bien-être avec les habitants nous donne l'occasion d'analyser une dernière forme de participation octroyée tout en mettant en évidence les niveaux "d'agir" que la convocation du "bien-être de tous" peut produire, selon deux dispositifs et deux configurations sociales distinctes. Au regard des similitudes et des spécificités de chacun des dispositifs étudiés, c'est alors le périmètre et les usages de la démocratie participative ainsi que la restructuration du pouvoir social qui se trouvent réinterrogés.