Mise en œuvre et perception de l'orthographe française chez des élèves de collège et des étudiants de sections de technicien supérieur.
Auteur / Autrice : | Hélène Le Levier |
Direction : | Catherine Brissaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage Spécialité Didactique et Linguistique |
Date : | Soutenance le 21/10/2019 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Pierre Chevrot |
Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Daunay | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Laure Elalouf, Clara Mortamet |
Mots clés
Résumé
L’omniprésence de la communication écrite et le développement des technologies numériques renforcent aujourd’hui la demande sociale en matière de compétence orthographique dans la francophonie. Or diverses études ont fait le constat d’une baisse du niveau, en particulier en orthographe grammaticale, chez les élèves français. On constate donc un décalage entre la demande sociale de production d’écrits orthographiquement normés et les compétences des élèves français en fin de scolarité. Dans le cadre de cette thèse, nous nous interrogeons sur les compétences orthographiques de ces élèves en termes de performance, de raisonnement et de perception du statut social de l’orthographe. À la lumière des études déjà publiées, nous faisons les hypothèses suivantes : 1/ les difficultés les plus aigües se concentrent sur la morphographie du verbe et de l’adjectif ; 2/ les procédures mises en œuvre par les élèves ne sont pas systématiquement adaptées au fonctionnement morphosyntaxique du français écrit ; 3/ les élèves ayant grandi en France, leur perception du statut social de l’orthographe est conforme à ce qui est observé dans le reste de la société.À leur arrivée au lycée, les élèves sont censés maitriser l’orthographe du français qui n’apparait plus dans les programmes d’enseignement que de façon très périphérique. Notre double enquête s’intéresse donc à deux groupes d’élèves : d’une part des élèves de troisième sur le point de commencer leur scolarité au lycée ; d’autre part des élèves de STS déjà bacheliers et engagés dans un cycle d’études supérieures courtes. Afin d’évaluer leur performance orthographique et d’établir quels points d’orthographe grammaticale les mettent le plus en difficulté, nous avons recueilli 735 dictées en troisième et 178 dictées en STS. Nous avons complété nos données par 131 entretiens en troisième et 65 en STS qui poursuivent deux buts : établir à quelles procédures les élèves ont recours pour gérer les problèmes orthographiques qui se posent à eux et explorer leur rapport à l’orthographe.Nos résultats confirment nos hypothèses et permettent de les affiner. La maitrise du fonctionnement morphosyntaxique de la langue des élèves enquêtés n’est souvent pas suffisante pour résoudre l’ensemble des difficultés que pose le français, en particulier lorsque la syntaxe s’écarte du modèle le plus simple ou dans des cas particulièrement complexes tels que l’accord du participe passé. L’analyse des procédures utilisées par les élèves pour résoudre ces difficultés révèle qui plus est un défaut d’appropriation du vocabulaire grammatical scolaire qui suggère d’interroger l’efficacité des modalités d’enseignement actuelles. Ces difficultés à appliquer la norme orthographique sont cependant associées à une forte adhésion à la valeur sociale de l’orthographe. Une partie des enquêtés témoigne d’un attachement très fort à l’orthographe et dit y faire toujours attention. La majorité déclare cependant plutôt adapter leur attention au contexte. Ceux qui disent ne jamais s’en préoccuper sont très peu nombreux. L’immense majorité reconnait donc la nécessité de produire des textes orthographiquement normés dans des aspects de la vie sociale qui varient avec l’âge. Pour autant, les valeurs associées à l’orthographe par les deux groupes interrogés sont assez diversifiées. Si une partie d’entre eux reproduit des positions très conservatrices, la majorité se montre à des degrés divers ouverte à une réflexion sur la langue qui n’exclut pas une possible réforme.