Thèse soutenue

Passage à l’écriture, écriture du passage : sur les traces d’adultes migrants en ateliers d’écriture

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Auteur / Autrice : Nathalie Matheu
Direction : Nathalie Auger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 19/12/2018
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Recherches sur les suds et les orients (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Jacques Bres
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Louis Chiss, Claire Doquet-Lacoste

Résumé

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Depuis une vingtaine d’années, la didactique de l’écrit enrichit ses réflexions et ses pratiques par les recherches menées notamment en sciences du langage et en génétique textuelle (Fabre, 1990 ; Doquet, 2011 ; Chiss, 2012). Ces travaux, qui envisagent l’écriture dans sa dynamique scripturale, s’interrogent sur la façon dont se construit l’écriture en acte (Fénoglio & Chanquoy, 2007). En effet, après les travaux de J. Derrida (1967) et de J. Goody (1977/1979), qui ont destitué l’hégémonie de la pensée logocentriste, nous ne pouvons plus réduire l’écriture à un code second, comme double représentation de la pensée et du langage qui l’oralise. L’écriture, par ses fonctions spécifiques, tisse des liens étroits avec la mémoire, à la fois par l’activation anamnésique et par l’usage averti des artefacts hypomnésiques (instrument graphique et support). Ce double jeu de la mémoire (anamnèse et hypomnèse), qui répond à celui de l’écriture, permet le passage au scriptural en orchestrant une chaîne qui, de façon symbolique, réunit voix et écriture et ouvre ainsi des espaces d’inscription du sujet écrivant. Cette réflexion épistémologique a nourri l’élaboration de séquences didactiques expérimentales favorisant le passage à l’écriture d’adultes migrants, sous la forme d’ateliers d’écriture, qui s’inscrivent dans l’introduction didactique des Arts du Langage (Meschonnic, 1982 ; Auger & Pierra, 2006 ; Aden, 2008) dans des contextes d’enseignement-apprentissage de français langue seconde (FLS). Ce dispositif a permis de construire un corpus de 74 textes manuscrits, recueillis en observation participante, en contexte associatif. L’analyse qualitative des données, en mobilisant les outils théoriques et méthodologiques de l’analyse du discours et de la génétique textuelle, s’est organisée autour d’une triple mise en perspective des notions de passage et d’écriture. L’examen des traces graphiques permet en effet de mettre au jour (1) les stratégies d’entrée des scripteurs dans l’écriture en FLS, (2) les retours sur le déjà écrit, notamment par le biais des ratures, qui donnent à voir une dialogisation interne (Bres, 1988) inhérente à la mise en écriture et (3) l’émergence des souvenirs reconstruisant le parcours migratoire, créant ainsi une écriture du passage.