Thèse soutenue

L'affaire Cesare Battisti : enjeux politiques et littéraires

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Auteur / Autrice : Laura Lauri
Direction : Sandro Landi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études italiennes
Date : Soutenance le 19/01/2018
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Marc Lazar
Examinateurs / Examinatrices : Sandro Landi, Alessandro Giacone, Luciano Curreri, Antonio Maria Orecchia
Rapporteurs / Rapporteuses : Alessandro Giacone, Luciano Curreri

Résumé

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Le nom de Cesare Battisti est certes celui d’un héros bien connu de la Grande Guerre, mais il évoque également, de façon traumatique, les méfaits que la justice italienne a imputés à cet activiste provocateur et irréductible, né en 1954 près de Latina, dans le Latium, qui fut condamné à perpétuité par contumace lors d’un procès contesté car basé sur les accusations d’un unique « repenti ». Cesare Battisti ne fut certes qu’une figure secondaire des années de plomb. En France, son « affaire » hors norme a été largement mythifiée. Battisti n’en continue pas moins à être voué aux gémonies. Il nous offre donc une étude transversale intéressante afin de passer de l’invective à une nécessaire recherche dépassionnée, aussi documentée et objective que possible sur cette période douloureuse et sur ses conséquences. Les origines de ce personnage aussi déroutant et complexe que polémique, capable de nombreuses métamorphoses et très perspicace, et son contexte, permettent de mieux comprendre une dérive vers des groupuscules violents d’extrême gauche. Un mécanisme s’enclenche alors conduisant à une « affaire » aussi complexe qu’interminable dans ses méandres judiciaires, certes en Italie, mais bien plus encore en France, où les jugements des tribunaux s’entrelacent avec un vaste campagne médiatique et même ultérieurement au Brésil, jusqu’à nos jours. L’inflexibilité du personnage en est une cause importante. Il en découle une avalanche d’articles, déclarations et ouvrages très engagés de la part d’intellectuels relayés par l’espace médiatique puis politique. Pourquoi ce battage à rebondissements alors que les autres réfugiés qui bénéficient en France de la « doctrine Mitterrand » restent majoritairement dans l’ombre ? La réponse provient alors pour l’essentiel du recours tactique, de la part de Battisti, à l’écriture, utilisée pour se présenter en tant qu’intellectuel, largement sacralisé et donc intouchable en France, mais qui permet aussi de poursuivre indirectement, entre les lignes, le même combat politique. Ses romans policiers soigneusement élaborés et nourris de ses aventures et observations d’exilé dépassent ainsi largement les limites supposées de ce genre et soulèvent des questions qui intéressent nos contemporains. L’accusé devient accusateur et souligne maintes impasses de la modernité, redessinant ainsi son image à travers la fiction, au prix d’omissions et de clivages. Les phases de l’existence de Cesare Battisti nous prodiguent, après analyse, de multiples enseignements sur les ressorts d’une période de crise et sur ce qui agite encore la nôtre.