Thèse soutenue

Inclusion scolaire des élèves en situation de handicap en France et au Cameroun : analyse de la politique nationale et points de vue des enseignants

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Auteur / Autrice : Ernestine Antoinette Ngo Melha
Direction : Halim Bennacer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 13/10/2017
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Laboratoire : Institut de recherche sur l'éducation : sociologie et économie de l'éducation (IREDU) (Dijon)
Jury : Président / Présidente : Gilles Ferréol
Examinateurs / Examinatrices : Halim Bennacer
Rapporteurs / Rapporteuses : Aïssa Kadri, Denis Poizat

Résumé

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Le discours des experts et des organisations internationales, de même que les initiatives des politiques et mouvements en faveur de l’émancipation et la place des personnes handicapées sont orientés vers la construction d’une école pour tous (Ainscow, 1991 ; Sen, 1992 ; UNESCO, 1990 ; UNESCO, 1994 ; UNESCO, 2000 ; ONU, 2000 ; ONU, 2006). Les politiques éducatives intègrent plus ou moins clairement la prise en compte des besoins éducatifs des enfants en situation de handicap. L’inclusion scolaire implique des modifications et des bouleversements tant dans les pratiques enseignantes que sur le plan de l’organisation scolaire dans son ensemble. Dès lors, il importe de s’intéresser aux perceptions des enseignants envers la politique nationale favorisant l’inclusion à l’école ordinaire des élèves handicapés en France et au Cameroun et de s’interroger sur les facteurs susceptibles d’influencer ou de déterminer, l’efficacité et la pérennité de cette politique qui peut être considérée comme leur étant imposée. Le modèle d’évaluation multidimensionnelle de la qualité des dispositifs scolaires empruntés à Tremblay (2012) et le modèle du comportement planifié d’Ajzen (1991), sont utilisés dans le cadre de cette recherche pour répondre aux deux objectifs principaux qui y sont visés. Un questionnaire à deux volets avec des propositions de réponses a été adressé à des enseignants du primaire. Notre recherche porte sur une population de 133 enseignants dont 65 camerounais et 68 français. Les dimensions étudiées pour le premier volet du questionnaire sont les suivantes : La pertinence des objectifs, les caractéristiques de la population du dispositif, l’adéquation des ressources, la fiabilité des actions, l’efficacité du dispositif et la flexibilité du dispositif. Les croyances normatives, les perceptions des difficultés et les croyances comportementales sont étudiées à travers le deuxième volet. L’analyse de la variance simple (ANOVA) est utilisée pour comparer les moyennes entre les pays et les corrélations étudiées pour évaluer les composantes principales du modèle d’Ajzen. Nos résultats montrent que malgré une grande adhésion à la politique visant l’inclusion des élèves en situation de handicap par les enseignants interrogés dans les deux pays, celle-ci ne semblerait pas être efficace. Pour les enseignants, ceci serait expliqué pour le cas de la France par les objectifs qui ne seraient pas atteints et au Cameroun par les ressources qui seraient insuffisantes. Des points de divergence observés portent sur certains aspects des dimensions étudiées telles que la taille de la classe, l’approche pédagogique, les ressources et les caractéristiques individuelles des élèves. En ce qui concerne notre modèle dérivé de la théorie d'Ajzen, l'analyse des corrélations montre des liaisons linéaires entre trois composantes : les difficultés perçues par les enseignants, leurs croyances normatives et leurs croyances comportementales. Les difficultés perçues se montrent négativement corrélées avec autant les croyances normatives (-.33) que les croyances comportementales (-.65). Il s'avère ainsi, conformément au modèle théorique élaboré, que l'intensité des difficultés ressenties engendre des croyances négatives chez les enseignants. Les croyances normatives (dans les principaux référents de l'Education nationale) sont positivement liées aux croyances comportementales (.50), qu'elles semblent favoriser. Il importe d'indiquer que les trois composantes ne détermineraient pas l'attitude des enseignants envers l'inclusion, puisque les corrélations ne sont pas significatives. Nos résultats suggèrent, au regard des corrélations faibles observées entre l’attitude des enseignants et les autres composantes du modèle, à rechercher d’autres facteurs exogènes au modèle que nous avions étudié, qui expliqueraient l’attitude des enseignants envers la politique de l’inclusion.