Thèse soutenue

La culture sourde : approche filmique de la création artistique et des enjeux identitaires des sourds en France et dans les réseaux transnationaux

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Auteur / Autrice : Olivier Schetrit
Direction : Barbara Glowczewski
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance en 2016
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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C'est Ferdinand Berthier (1803-1886), sourd très réputé au 19 ème siècle, qui, lors d'un banquet à Paris où il avait invité des sourds étrangers, annonça que la communication était possible gräce à la grammaire universelle de la langue des signes. Cette idée d'une communication transnationale des sourds ressurgit lors de la création en France d'IVT (International Visual Theatre) en 1976 dont l'un des objectifs était alors de développer l'activité culturelle sourde en échangeant sur le travail, les ateliers de théâtre et d'expression corporelle avec d'autres pays. La notion de communauté sourde semble actuellement connaître un changement d'échelle, les sourds étendant leurs "territoires locaux" (au nioveau d'un groupe, d'une ville) et l'usage d'une langue de signes nationale, à une mise en réseau dans "un territoire mondialisé" où se pratique une langue des signes "internationale"; ce mouvement est favorisé par l'essor des nouveaux moyens de communication via l'internet, grâce aux webcams, messageries et services associés, tels les "centres relais" qui permettent l'intervention à distance d'interprètes filmés. La "mobilité" des personnes sourdes s'accroït dans une proportion qui n'avait encore jamais été observée dans l'histoire. Cette thèse analyse de manière réflexive, un corpus dentretiens avec des sourds en France et dans des festivals internationaux de Sourds filmés par l'auteur, lui-même sourd de naissance et acteur d'IVT. Elle interroge aussi l'oeuvre et la posture de nombreux artistes sourds de divers domaines qi explorent le concept de sourtitude ou surditude (Deaf hood en anglais) dans le sens d'une revendication positive (Deaf gain), où la déficience auditive se trouve valorisée comme source d'autres aptitudes - dont la langue des signes - qui sont partagées par ses acteurs comme une véritable culture en cours de création: les Sourds avec une majuscule désignant selon James Woodward (1978) l'appartenance à une communauté linguistique, sociale et culturelle.