La Bibliothèque imaginaire de Jules Laforgue. Étude de la réécriture dans les "Moralités légendaires"
Auteur / Autrice : | Madeleine Guy |
Direction : | Henri Scepi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance le 16/11/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....) |
Laboratoire : Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Bertrand Marchal |
Examinateurs / Examinatrices : Henri Scepi, Bertrand Marchal, Jean-Pierre Bertrand, Dominique Combe, Marie-Cécile Leblanc, Pierre Loubier |
Mots clés
Résumé
Jules Laforgue (1860-1887) envisage les nouvelles des "Moralités légendaires" comme de « vieux canevas brodés d’âmes à la mode ». Il inscrit ainsi son œuvre au cœur même de la Bibliothèque. Toutefois, contrairement à ce que sa formule pourrait laisser penser, il ne se contente pas d’y écrire des variantes parodiques de "Hamlet", de l’"Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie", de "Lohengrin", d’« Hérodias » et des "Métamorphoses" : non seulement il puise la matière de ses récits dans plusieurs dizaines de textes – et pas uniquement dans ces hypotextes –, mais ceux-ci, pour la plupart, ne font pas l’objet d’une mise à distance critique à visée comique. L’impression première qui se dégage du volume, celle d’un ouvrage léger dans lequel les héros sont ridiculisés, les références mêlées et les traditions soumises à un relativisme généralisé, n’est qu’une façade destinée à duper un certain type de lecteur et à dissimuler le sens profond du texte. Ce dernier ne se révèle qu’à l’issue d’une lecture intertextuelle érudite qui, en acquérant une connaissance précise des livres lus par Jules Laforgue, met au jour un principe de réécriture reposant sur la reconnaissance préalable d’analogies entre les différentes œuvres. L’auteur pratique une lecture imaginative – au sens où l’imagination est, pour Charles Baudelaire, l’art de saisir les rapports – et retient des textes-sources les éléments qui résonnent en lui. Leur mise en présence dans les "Moralités" s’avère alors cohérente et le volume apparaît comme une véritable broderie intertextuelle ; chaque fil – chaque œuvre – conserve sa singularité mais tous participent à l’élaboration d’un motif unique : l’expression, par le truchement de la fiction et de la voix des autres, du questionnement existentiel de Jules Laforgue.