Thèse soutenue

L'idéologie méritocratique dans le système éducatif : un élément de reproduction sociale ?

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Auteur / Autrice : Virginie Wiederkehr
Direction : Céline Darnon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 23/10/2015
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
Laboratoire : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
Jury : Président / Présidente : Delphine Martinot
Examinateurs / Examinatrices : Céline Darnon, Virginie Bonnot, Fabio Lorenzi-Cioldi
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Pansu, Estelle Michinov

Résumé

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Malgré les politiques en faveur du principe d’égalité des chances, le milieu social dans lequel évoluent les enfants influence fortement leur niveau scolaire (Observatoire des Inégalités, 2011). Ce principe implique une logique méritocratique selon laquelle chaque élève a, a priori, les mêmes chances de réussite scolaire. Or les croyances méritocratiques peuvent avoir des conséquences néfastes chez les membres de groupes défavorisés par le statu quo, notamment sur leur auto-évaluation (Shannon & Major, 2006 ; Jost & Hunyady, 2005 ; Midgley, Feldlaufer, Eccles, 1989 ; Marsh, Köller, Baumert, 2001). Pourtant, les membres de groupes défavorisés ont besoin de croire en la méritocratie pour préserver leur image de soi et/ou de leur groupe d’appartenance (Jost, Banaji, & Nosek, 2004; Kay & Friesen, 2011; Kay et al., 2009; Van Der Toorn, Tyler, & Jost, 2011). L’objectif de ce travail est d’étudier, d’une part, comment la croyance en la méritocratie scolaire peut expliquer, en partie, les inégalités sociales de réussite scolaire auprès d’élèves et d’étudiant(e)s et d’autre part, quels seraient les déterminants de cette croyance auprès d’une population étudiante et plus particulièrement auprès des étudiant(e)s défavorisé(e)s par le statu quo. Les trois premières études ont été réalisées sur des élèves d’école primaire. Une première étude (Étude 1) souligne l’existence d’un processus de médiation du lien entre le statut socioéconomique des élèves et leurs performances scolaires par l’intermédiaire de leur degré de sentiment d’efficacité personnelle (SEP). Les trois études suivantes soulignent comment la croyance en la méritocratie scolaire peut contribuer à creuser les écarts sociaux de réussite et/ou de SEP, principalement dans le domaine des mathématiques, chez des élèves d’école primaire (Études 2 et 3) alors qu’elle inverse l’écart social de sentiment de compétence classiquement observé auprès des étudiant(e)s à l’université (Étude 4). Les résultats d’une cinquième étude (Étude 5) soulignent que dans un contexte sélectif tel que l’université, les étudiant(e)s de filières de sciences non sociales croient plus en la méritocratie scolaire que les étudiant(e)s de sciences sociales mais que cet effet ne s’observe pas pour les étudiant(e)s se percevant de bas statut socioéconomique. Enfin, la dernière étude présentée dans ce travail (Étude 6) souligne que les étudiant(e)s se percevant de bas statut socioéconomique présentent une forte croyance en la méritocratie scolaire dans une condition où la sélection universitaire est rendue saillante (vs. Condition de « Réussite pour tous »), alors que cet effet s’inverse chez les étudiant(e)s se percevant de haut statut socioéconomique. L’ensemble de ces résultats est discuté au regard des définitions de l’idéologie méritocratique et de la polysémie du terme « mérite » et de l’impact de ces spécificités sur la reproduction des inégalités au sein du système éducatif, notamment par l’intermédiaire des processus de sélection.