Thèse soutenue

L'œuvre de Jaime Bayly depuis "No se lo digas a nadie" jusqu'à "Morirás mañana, 2. El misterio de Alma Rossi" : paralittérature ou mise en oeuvre d'un processus de construction personnelle et littéraire par l'écriture ?

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Auteur / Autrice : Benoît Defoix
Direction : Rémi Le Marc'hadour
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Espagnol
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Lorient
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues (Rennes)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le principal reproche fait aux ouvrages de Jaime Bayly (Lima,1965) est leur absence de caractéristiques littéraires ; d’où la tendance à les classer dans le domaine de la paralittérature. Cependant, l’objectif de cette thèse est de montrer que cette classification mérite d’être remise en question et doit être nuancée. Après avoir éclairci les termes « littérature » et « paralittérature », la première partie se donne pour objectif de rappeler le contexte littéraire dans lequel se trouve Jaime Bayly au moment de ses premiers ouvrages. L’étude d’écrits d’écrivains péruviens tels que Mario Vargas Llosa et Alfredo Bryce Echenique pose la question de l’influence de ces auteurs sur Jaime Bayly et de ses manifestations : exploitation sans prise de recul mais aussi appropriation personnelle dans des domaines aussi divers que la réalité politique et historique du Pérou, la présentation de Lima, de la société liménienne (notamment vis-à-vis des minorités ethniques et sexuelles). L’influence de deux principaux écrivains nord-américains doit aussi être mise en avant : Bret Easton Ellis et David Leavitt ; essentiellement en ce qui concerne le traitement de l’homosexualité, de la toxicomanie et de l’oisiveté des personnages. Les échos évidents de passages ou d’ouvrages entiers bien déterminés amènent à poser le problème du manque d’inspiration de Jaime Bayly. Enfin, la production bayléenne ne doit pas être dissociée d’autres écrivains latino-américains - péruviens mais pas seulement - du même âge. Une étude de certains de leurs ouvrages met en valeur un certain nombre de caractéristiques et de préoccupations communes. Dans ces conditions, les écrits de Jaime Bayly présentent un intérêt dont est généralement dépourvue la paralittérature. La seconde partie s’intéresse aux récurrences thématiques constatées dans la production bayléenne, généralement invoquées pour l'écarter de la littérature. Cette intertextualité se manifeste de différentes façons : reprise des anecdotes de manière condensée ou au contraire développée (le rôle des trois premiers romans est fondamental). Le caractère complémentaire ou non entre les ouvrages doit être souligné ; de même que les limites de cette situation, qui ne font que rappeler les carences de la création bayléenne. La présence d’éléments autobiographiques dans les écrits amène à classer ces derniers non pas comme de simples fictions, mais en tant que romans autobiographiques ou personnels. Cette classification permet alors d’exposer et d’approfondir les rapports étroits qu’entretient l’écrivain entre sa situation personnelle et l’écriture. C’est précisément cette relation particulière qui confère à l’écriture bayléenne un statut thérapeutique, cathartique et compensatoire. Pourtant, cette dimension trouve assez vite ses limites : des objectifs non littéraires ou psychologiques doivent également être invoqués pour expliquer la reprise des mêmes thématiques. La notion de paralittérature intervient dans ce cas. D’un point de vue formel, peut-on parler de progression dans l’écriture bayléenne ou de simples tentatives sans réelle construction ? Certaines constantes apparaissent (situation qui rapproche de la paralittérature), évoluent parfois dans des domaines aussi variés que la temporalité, les jeux linguistiques, les tonalités (émotion, humour et cynisme, principalement), l’usage limité de la description, le traitement des titres et des illustrations, mais dénoncent bien souvent une absence d’originalité et d’inspiration. L’homogénéité n’est qu’apparente, comme le révèle l’étude des procédés d’identification des personnages, mais aussi de certains éléments du paratexte, les divers genres littéraires, les types de narration, les styles direct et indirect. Pour autant, une certaine tendance à la simplicité est à nouveau dénoncée quant à la structure des ouvrages, le traitement des personnages, le rythme narratif. En outre, ce qui faisait la spécificité de la prose narrative bayléenne - les nombreuses formes de la narration « improvisée » - tend à disparaître. Cette évolution rejette alors les écrits bayléens du domaine paralittéraire. L’étude menée arrive à la conclusion que l’œuvre bayléenne est difficile à définir : certains aspects tendent à la classer dans la paralittérature, d’autres l’excluent (difficulté accrue en raison de la grande porosité entre les deux domaines que sont littérature et paralittérature), mais elle présente un intérêt non négligeable.