Thèse soutenue

Art français ou art européen ? : l'histoire de l'art moderne en France : culture, politique et récits historiques, 1900-1960

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Auteur / Autrice : Catherine Fraixe
Direction : Eric Michaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Cette thèse analyse une série d'« histoires de l'art moderne» diffusées en France de 1900 à 1960 comme un « hypertexte» dont les mutations ne se comprennent qu'à la lumière des reconfigurations politiques d'une même question, à savoir la forme de la communauté qu'ils tentent de définir. Entre la nation et l'Europe, le peuple et les élites, les « ethnies» et les « races», ces « histoires» établissent jusqu'à la Seconde Guerre mondiale des liens complexes, et des distinctions tranchées. Le modèle organiciste testé par la III e République vers 1900 puis au Salon d'Automne structure durant trois décennies un récit qui, selon le cas, se réfère à la psychologie des peuples ou privilégie l'activité créatrice d’une élite, héritière, selon l'Action française, d'un Occident latin. Le modèle impérialiste de l'Europe française chère aux maurrassiens coexiste à la fin des années 1920 avec un récit mettant l'accent sur les caractéristiques « ethniques» de chaque « peuple européen ». Au début des années 1930; enfin, le mythe politique d'un Occident latin cède le pas à la vision biologique d'une Europe latine composée de groupes ethniques appartenant au même « type racial ». Une nouvelle « histoire de l'art» diffuse bientôt les mêmes mots d'ordre que les divers fascismes européens. L'« histoire de l'art moderne », centrée sur des avant-gardes internationales exprimant les valeurs du monde libre, que des groupes américains et européens tentèrent d'imposer au début des années 1950, ne pouvait dès lors qu'entrer en conflit avec les représentations de la nation mais aussi celles d'une Europe supranationale, ethno-raciale, qui avaient dominé l'entre-deux-guerres