Thèse soutenue

« Une part égale de liberté : le patriotisme anglais et la Révolution américaine »

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Auteur / Autrice : François Charbonneau
Direction : Philippe Raynaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études politiques
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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La présente thèse s'intéresse à un paradoxe dans la pensée comme dans l'action politiques des révolutionnaires américains entre 1765 et 1776. Les Américains font de la tentative du Parlement anglais de taxer les colonies un enjeu constitutionnel, c'est-à-dire, pour eux, de liberté politique. Cette crise offre l'occasion aux Américains de définir ce qu'est la liberté et d'en penser les conditions de possibilité. Pour eux, comme pour l'ensemble de la pensée politique anglo-saxonne, la liberté sera définie comme absence de dépendance. Il serait ainsi inadmissible que les Américains acceptent d'être placés en situation de dépendance envers la volonté incontrôlée des parlementaires anglais. Paradoxalement, l'on retrouve chez les Américains un désir constamment répété que se poursuive la dépendance américaine envers la Grande-Bretagne et ses institutions. La volonté de demeurer dépendants de l'Empire britannique sera si importante que l'on attendra plus d'une année après le début de la guerre avant de déclarer l'indépendance. A partir de ces constats, cette thèse procède à une relecture de la crise impériale entre 1765 et 1776 comme un échec dans la tentative américaine de concilier liberté et dépendance. Délaissant les lieux communs interprétatifs qui n'offrent souvent que des raisons circonstanciées de « l'attentisme » des Américains, la présente thèse cherche à démontrer que le patriotisme anglais dont sont imbus les Américains constitue la clé permettant de comprendre ce paradoxe. La pensée politique qui les informe les convainc que le patriotisme est la première des vertus politiques, et leurs actions contre le parlement sont modelées par cette compréhension corporelle du politique. Dans ce combat pour la liberté par lequel les Américains cherchent à se montrer plus Anglais que les Anglais s'affirmera une conviction que l'on couchera bientôt dans les Constitutions étatiques (1775-1780), que seule une égale liberté de tous les hommes est compatible avec la liberté politique.