Thèse soutenue

L'alliance MEDEF-CFDT dans la négociation UNEDIC de 2000 : l'affirmation au droit à l'emploi contre le droit au salaire pour les chômeurs

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Auteur / Autrice : Jean-Pascal Higelé
Direction : Bernard Friot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Nancy 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette thèse propose un cadre d'analyse de la (dé)construction de l'indemnisation du chômage en France, sur la base d'une analyse détaillée de la négociation UNEDIC de l'année 2000 et du discours syndical et patronal produit à son endroit. La redéfinition en 2000 du droit au salaire indirect des chômeurs ne doit pas être lue comme un accord conjoncturel entre le patronat, la CFDT et la CGC, sur des modalités d'indemnisation du chômage. Elle est le résultat d'une alliance qui repose sur des conditions structurelles, à l'articulation des deux ensembles de déterminants. Le premier d'entre eux concerne les formes institutionnelles des relations interprofessionnelles. Nous montrons comment elles induisent l'existence d'un "partenaire privilégié du patronat" comme élément structurel des relations professionnelles en France. Historiquement FO a joué ce rôle mais a, depuis les années 90, cédé sa place à la CFDT. Cette thèse propose une explication de ce renversement d'alliance sur la base d'un deuxième ensemble de déterminants concernant la manière dont se nouent les accords, par articulation de deux niveaux de compromis ou de consensus : sur le contenu des accords d'une part et sur le champ légitime des négociations d'autre part. S'agissant des contenus, nous soutenons que les positions de la CFDT sur la défense d'un "droit à l'emploi" rencontrent les intérêts des employeurs, tout en étant confortées par le développement d'un référentiel du traitement social du chômage poussant en ce sens. A l'inverse, les positions de FO ont mis en difficulté son partenariat avec le CNPF durant les années 1980, à mesure que le thème de "l'activation des dépenses" s'imposait et séduisait un patronat en évolution. S'agissant des champs légitimes de la négociation collective, nous défendrons l'idée que le patronat a développé durant les années 1980 une conception de son rôle social plus conforme à la lecture cédétiste du rôle des partenaires sociaux et de leurs champs légitimes d'intervention. La substitution de la CFDT à FO au poste de partenaire privilégié du patronat doit donc se lire également au regard du consensus qui s'est fait entre la CFDT et le MEDEF sur la nature de la négociation collective et sur ses champs légitimes.