Thèse soutenue

Vie et mort du dernier empire ? : désunion soviétique et décolonisation

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Auteur / Autrice : Ingrid Hazard
Direction : Hélène Carrère d'Encausse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique. Europe post-communiste
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Résumé

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"La colonisation est le facteur essentiel de notre histoire ", proclamait le célèbre historien russe, V. O. Klioutchevski, manifestant ainsi un trait particulier d'un empire qui a fait de l'expansion de ses frontières le leitmotiv de sa construction nationale depuis la conquête de Kazan en 1552 par Ivan IV dit le terrible. Contrairement à ce que proclament les dirigeants de l'URSS, la révolution communiste de 1917 n'abat pas cette facette impériale et "coloniale" de l'histoire russe puis soviétique. Elle ne fait que l'habiller sous une forme nouvelle: celle de l'internationalisme prolétarien. Une habile dissimulation qui ne résiste cependant pas au réveil des mouvements nationaux des peuples "colonisés" qui au fil des années réclament, revendiquent puis obtiennent leur indépendance. Mais alors, la dissolution de l'URSS, officiellement proclamée par Mikhai͏̈l Gorbatchev le 25 décembre 1991, ne serait-elle par conséquent que l'aboutissement d'un long processus aussi inattendu et rapide que tardif de décolonisation ? La ligne directrice de la présente thèse consiste donc avant tout à analyser cette tentative avortée de ressusciter l'Empire soviétique au moment même où les autres structures impériales européennes ou coloniales menacent puis achèvent de se disloquer. C'est de ce décalage historique par rapport au processus historiquement daté de la décolonisation et de ce paradoxe que cette recherche entend discuter. Comme les puissances coloniales, et peut-être avec une signification plus vitale, la puissance russe, qui succède à l'Union, doit aujourd'hui faire face à un défi crucial pour son avenir comme pour son identité: comment établir des relations radicalement nouvelles avec ces voisins pas comme les autres, qu'elle désigne sous le terme ambigu d'étranger proche ? De cette analyse comparative entre la fin de l'Union soviétique et la désintégration des empires coloniaux français et britannique dépend ainsi la réponse à une question fondamentale: la disparition de l'URSS sonne-t-elle le glas du dernier empire ?