Thèse soutenue

Aspects épidémiologiques et diagnostiques de la gastrite chronique atrophique en Europe

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Nathalie Broutet
Direction : Roger SalamonFrancis Mégraud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences biologiques et médicales. Epidémiologie Santé publique
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Bordeaux 2

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Au début des années 80, l'hypothèse de l'origine infectieuse de certains cancers et maladies chroniques inflammatoires a trouvé un regain d'intérêt quand une nouvelle bactérie, Helicobacter pylori, a été identifiée. Une dizaine d'années après, celle-ci est reconnue première bactérie cancérigène de cdlasse I par l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer, et causale d'autres pathologies gastriques en particulier la maladie ulcéreuse. La gastrite chronique atrophique (GCA) est une étape intermédiaire entre la gastrite chronique non atrophique, conséquence de l'infection à H. Pylori et l'adénocarcinome gastrique. Le rôle des caractéristiques de l'hôte, des facteurs environnementaux comme du type de souche lorsqu'une GCA est diagnostiquée, ne sont pas suffisamment décrits en Europe, ni pris en compte simultanément. La GCA est une pathologie encore mal connue, tant sur le plan épidémiologique que physiopathologique et une des raisons en est la difficulté diagnostique. D'autre part, la surveillance de son évolution et l'éradication de H. Pylori sont les seules prises en charge proposées aux patients porteurs de GCA. Or, l'efficacité des traitements de l'infection peut dépendre de l'état histologique de la muqueuse gastrique. Eurohegypast est une cohorte européenne, dont l'objectif principal est le suivi pendant trois ans de l'évolution de la gastrite chronique chez les patients dyspeptiques. A partir des données à l'inclusion des patients dans la cohorte, trois études transversales ont été menées. Les deux premières avaient pour objectif d'analyser les facteurs liés à la présence de la GCA chez ces patients. Dans la première étude, ces facteurs étaient d'ordre socio-démographiques, comportementaux, alimentaires, cliniques et immuns (réponse de l'hôte à l'infection). Dans la deuxième étude, ces facteurs étaient certaines caractéristiques génotypiques des souches. Il a été montré que les caractères pathogènes des souches se regroupaient permettant de décrire des profils de souches. A partir de ces mêmes données l'évaluation de tests de dépistage de la GCA a été réalisée. Les tests de dépistage choisis étaient les hormones gastriques : le pepsinogène I, le PGII et la gastrine. Un quatrième marqueur était également évalué, le ratio PGA/PGC. C'est ce dernier qui s'est avéré le plus sensible et spécifique dans le dépistage de la GCA. Enfin, les traitements d'éradication de l'infection ont été également abordés, en particulier, les facteurs d'échec des traitements. Les données des essais cliniques réalisés en France ont été poolées dans une seule base de données et analysées. Les résultats montrent : 1) que les taux de succès sont plus bas chez les patients dyspeptiques non-ulcéreux, que chez ceux porteurs d'ulcère duodénal , 2) que le facteur d'échec le plus important était la résistance de la bactérie à la clarithromycine ; 3) que cette différence de taux n'était pas indépendant de l'état de la muqueuse gastrique sous-jacente ; et 4) que le statut cagA positif de la souche était un facteur de succès du traitement. S'il apparaît que les caractéristiques de souches jouent un rôle important dans la pathogenèse, peut-être plus que l'environnement, on ne peut bien sûr exclure le rôle du génotype de l'hôte. L'idéal serait un schéma d'étude permettant la prise en compte de tous ces groupes de variables, ce que le proche futur permettra. De plus on ne peut dire si ces caractéristiques génotypiques des souches sont spécifiques de l'évolution de la gastrite chronique vers la GCA ou simplement de la gastrite chronique qui, elle, en fonction d'autres facteurs d'exposition va évoluer vers une des pathologies gastriques décrites. Mais là encore la disponibilité d'outils de dépistage tels les hormones gastriques, évitant les biopsies gastriques, permettront d'appréhender cette pathologie sur une plus grande échelle. Enfin, dans l'état des connaissances actuelles, la stricte adhésion aux indications de l'éradication de H. Pylori dans le cas de la maladie ulcéreuse et non de la dyspepsie non-ulcéreuse, comme recommandé lors de la conférence de Maastricht est tout à fait pertinente.