Thèse soutenue

La construction des filières dérivatives au lycée

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Auteur / Autrice : Danielle Vié-Cazals
Direction : Jean-Michel Berthelot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Résumé

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Dans les lycées français d'enseignement général, le cursus scolaire est structuré en filières officiellement équivalentes mais en fait hiérarchisées, la filière scientifique occupant la position supérieure. En conséquence, les choix d'orientation des élèves (à l'issue de la classe de seconde) s'intègrent dans un double système de justification : justification, officielle, par les goûts et dispositions des élèves (littéraires, scientifiques, économiques), qui postule l'égalité dans la diversité des filières ; justification de fait (dont l'évocation est réservée en règle générale au propos privé) par les compétences scolaires globales des élèves, qui pose la filière scientifique comme la mieux à même de les certifier. Le discours et les pratiques des acteurs du lycée ne renvoient pas, cependant, à une plus grande facilité des filières littéraire et économique. Mais ils posent les curriculums correspondants comme fortement dotés en savoirs scolaires (lettres, philosophie, sciences sociales) qui seraient médiocrement contrôlables par l'école (médiocrement "enseignables") : parce que l'école n'est pas seule à les dispenser d'une part ; parce que, d'autre part, pour ces savoirs, l'évaluation des acquis est jugée moins fiable. En conséquence, l'échec dans ces filières est posé comme moins prédictible ; d'où leur rôle d'itinéraires dérivatifs pour certains élèves dont on hésite à autoriser le passage dans le cycle terminal des lycées. L'assignation du statut dérivatif à une filière, à travers les pratiques des acteurs, a pour contrepartie, de la part des professeurs qui y enseignent, un ensemble de tactiques d'adaptation visant à prendre en compte l'hétérogénéité des publics qu'ils accueillent. Ces tactiques ne correspondent pas à un allègement des savoirs requis, mais à leur élargissement ; ils s'enrichissent alors d'un desserrement implicite des normes d'évaluation qui contribue à les construire comme moins "enseignables".