L'etat-national et les berberes. Le cas du maroc. Mythe colonial et negation nationale

National-state & berbers. The case of morocco. Colonial myth & national negation

• Auteur / Autrice : MUSTAPHA EL QADERY
• Direction : Charles-Olivier Carbonell
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire
• Date : Soutenance en 1995
• Etablissement(s) : Montpellier 3

Résumé

Au maroc, l'oeuvre coloniale de la republique jacobine francaise se resume dans la mise en place d'un etat moderne sous l'egide du sultan de fes qu'elle a sauve de l'agonie. Apres la soumission des tribus berberes a ses caids, grace a l'action des tabors et des officiers des affaires indigenes, uen nouvelle elite, les notables berberes, est entree dans le serail de l'etat maghzenien. Au lendemain de l'independance, et afin de mettre en place un regime de monarchie absolue, le sultan heritier de l'etat colonial, devenu roi, a beneficie de la politique berbere du protectorat qu'il a mise en oeuvre pour reussir son entreprise. Les notables berberes et leurs descendants, devenus des berberes d'etat, ont constitue l'une des principales clienteles qui se sont succedees dans la cour politique du roi, et ont joue un role cle dans une scene ou la segmentation des groupes politiques a transcende les clivages gauche-droite. Les berberes d'etat, catalogues comme berberistes etaient donc au sommet de l'etat, mais l'identite berbere n'est toujours pas reconnue par l'etat comme fondement de la nation marocaine. Au contraire, pour le discours dominant comme pour celui des partis politiques, la nation marocaine est une nation arabo-islamique ; historiquement arabe et islamique ajoute meme la recherche scientifique heritiere des paradigmes orientalistes, natioinalistes et nationalitaires. Pourtant, l'etat et la nation ne sont pas seulement des donnees historiques, mais sociologiques et surtout des constructions politiques mythologiques. Les berberistes d'aujourd'hui qui n'ont aucun lien avec les berberes d'etat, sont la pour rappeler cette contradiction de l'etat-national et l'echec de son independance.

In morocco, the outcome of the french jacobine republic's colonial work was the setting-up of a modern state under the aegis of the sultan of fes, who was therefore saved from agony. After having subjected the berber tribes to the kaids with the help of the tabors (colonial army) and of the officiers des affaires indigenes, a new elite, composed of the berber notables, entered the seraglio of the maghzen state. After independence, the sultan, heir of the colonial state, became king and set up a system of absolute monarchy. The sultan king benefited from the berber politics of the protectorate, which was activated so that the sultan should succeed. The berber notables and their descendants, the state berbers were the principal clients in the king's political court. They played a key role in the segmenting of the political groups which transcended political cleavages. The state berbers, the so-called berberists, were at the summit of the state, but berber identity was not, and is still not, acknowleged as a national base by the monarchical state. On the contrary, for the dominant discourse and for the political parties' discourse, the moroccan nation is arabo-islamic, historically arabic and islamic, as the scientific research, heir of the orientalist, nationalist, and nationalitarist paradigms, indicates. However, the state and the nation are not only historical facts, but also sociological facts and especially mythic political constructions. Today's berberists, who have no relation with the state berbers, remind us of this inner contradiction contained in the national state, and of the failure of independence.