Thèse soutenue

Mises en discours de l'intime dans les romans de Alfons Cervera, Rafael Chirbes et Manuel Vicent

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Auteur / Autrice : Marina Lesouëf
Direction : Nathalie Sagnes AlemJean-François Carcelén
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : ETUDES ROMANES spécialité Etudes hispaniques et hispano-américaines
Date : Soutenance le 09/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Recherches sur les suds et les orients (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Catherine Orsini-Saillet
Rapporteurs / Rapporteuses : Dolores Thion Soriano-Mollá, Xavier Escudero

Résumé

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C’est en se penchant sur les sphères intimes dans les romans Esas vidas, Otro mundo, Claudio, mira, Verás el cielo abierto et En la orilla, que les trois écrivains valenciens Alfons Cervera, Rafael Chirbes et Manuel Vicent viennent réexaminer la mémoire historique, collective et nationale au coeur de leur production romanesque et journalistique. L’objet de cette thèse est de dépasser la dialectique du « dehors » face au « dedans », pour révéler les liens entre espaces privés et publics dans les mises en discours de l’intime. Il s’agit d’étudier les recoins de l’espace protéiforme qu’occupe l’intime, dans un corpus qui s’illustre par son brouillage générique. En analysant les déclencheurs et les supports de transmission de la mémoire, puis les paysages que font émerger les récits mémoriels, il apparaît que ces écritures de l’intime convergent vers un espace commun : celui des paradis perdus de l’enfance. Ceuxci constituent des lieux de projection de soi qui s’étendent depuis des lieux matriciels vers les villes imaginaires de Los Yesares, Olba ou Circea de la Marina. Le sujet y fait l’épreuve de l’autre que soi et de la violence arbitraire inhérente au régime franquiste. Pour résoudre un rapport conflictuel à l’altérité les narrateurs se placent en surplomb de leur propre existence pour en tirer une sorte de bilan et déployer des stratégies de compensation : l’expérience de la lecture, notamment, les amène à créer une communauté de culture perçue comme un territoire moral et protecteur et à laquelle ils s’identifient. Le récit rétrospectif leur permet également de formuler différentes hypothèses pour combler les silences d’une mémoire familiale lacunaire ou censurée. Que ce soit par le biais du détail sensoriel et symbolique, ou de la présence constante de l’intertextualité, l’intime nourrit et se nourrit d’une somme d’expériences communes à toute une génération. Enfin, les observations métalittéraires qui émaillent ces romans constituent le fil conducteur de l’affirmation d’une nouvelle ipséité.