Thèse soutenue

Oscillateurs critiques non linéaires à la bifurcation de Hopf comme modèle cochléaire

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Auteur / Autrice : Jana Reda
Direction : Mathias FinkFabrice Lemoult
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance le 02/07/2025
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : Physique en Ile de France
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Langevin-Ondes et images (Paris ; 1997-....)
établissement opérateur d'inscription : ESPCI Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (PSL)
Jury : Président / Présidente : Daniel Pressnitzer
Examinateurs / Examinatrices : Mathias Fink, Fabrice Lemoult, Baptiste Bergeot, Julien Meaud, Sophie Ramananarivo
Rapporteurs / Rapporteuses : Baptiste Bergeot, Julien Meaud

Résumé

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La cochlée, organe responsable du sens de l’ouïe, est un capteur acoustique exceptionnel, capable de détecter des amplitudes sonores sur plus de 12 ordres de grandeur et couvrant trois décades en fréquence. Malgré sa sensibilité et sa sélectivité remarquables, elle constitue un détecteur intrinsèquement non linéaire et non fidèle, présentant des effets de distorsion. Ces caractéristiques suggèrent que la cochlée fonctionne comme un système actif et vivant, s’appuyant sur des dynamiques non linéaires pour améliorer le traitement du signal. Un modèle analytique a proposé que ce comportement pourrait résulter de la présence d’oscillateurs critiques non linéaires opérant à proximité d’une bifurcation de Hopf. Cette thèse met cette hypothèse à l’épreuve à travers la construction et l’étude expérimentale de modèles physiques reproduisant des phénomènes non linéaires essentiels observés dans le système cochléaire. Elle vise à évaluer la pertinence du cadre des oscillateurs critiques et à contribuer à une compréhension plus approfondie des mécanismes auditifs impliqués dans la perception. Le travail est structuré en plusieurs chapitres.Le Chapitre 1 présente une étude détaillée du processus auditif afin d’introduire les fondements nécessaires aux travaux expérimentaux qui suivent. Il identifie les principales caractéristiques du traitement auditif, ouvrant ainsi la voie à leur reproduction expérimentale.Le Chapitre 2 se concentre sur la fabrication et l’analyse d’un résonateur unique avec délai, opérant à proximité d’une bifurcation de Hopf. Ce résonateur, utilisant une boucle de rétroaction impliquant un microcontrôleur, un microphone et un haut-parleur, imite la réponse d’une cellule ciliée de grenouille taureau. Le système reproduit avec succès la courbe de sensibilité caractéristique de l’amplificateur cochléaire à faibles amplitudes. Il démontre également sa capacité à être accordé et à générer des effets auditifs non linéaires, tels que l’effet de masquage et les tons fantômes.Passant d’un à plusieurs résonateurs, le Chapitre 3 explore le couplage non linéaire de deux résonateurs. Une méthode de couplage numérique est étudiée expérimentalement pour analyser la dynamique non linéaire entre résonateurs. En faisant varier la force de couplage, l’étude analyse ses effets sur la synchronisation et le gain du système, posant ainsi les bases pour des modèles plus complexes destinés à l’étude future des systèmes auditifs.Le Chapitre 4 étend l’étude à une cochlée artificielle composée de 38 résonateurs de Helmholtz. Cinq résonateurs sont activés avec succès et couplés de manière non linéaire. Le comportement du système est analysé, allant de la réponse des résonateurs individuels aux interactions entre unités couplées. Le chapitre aboutit à une analyse des phénomènes de synchronisation et de divergence entre les cinq résonateurs actifs. Une calibration rigoureuse et une activation séquentielle sont essentielles pour assurer la stabilité des résonances. Une fois ces conditions remplies, les phénomènes non linéaires et les caractéristiques actives de la cochlée sont testés, soutenant l’hypothèse selon laquelle la cochlée fonctionne comme un réseau d’oscillateurs non linéaires actifs.