Thèse soutenue

Traçage des fluides et conditions PVTX-déformation de mise en place des veines minéralisées d’un gisement de type porphyre-épithermal à Cu-Mo-Re-Au (Pagoni Rachi, Thrace occidentale, Grèce)

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Auteur / Autrice : Baptiste Abiven
Direction : Alexandre TarantolaAntonin Richard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géosciences
Date : Soutenance le 24/02/2025
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : GeoRessources
Jury : Président / Présidente : Damien Guillaume
Examinateurs / Examinatrices : Alexandre Tarantola, Antonin Richard, Giada Iacono-Marziano, Philippe Boulvais, Véronique Le Roux, Julien Mercadier, Philippe Goncalves
Rapporteurs / Rapporteuses : Giada Iacono-Marziano, Philippe Boulvais

Résumé

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Les gisements de type porphyre-épithermal représentent près de 75 % du Cu, 95 % du Mo, et près de 20 % de l'Au exploités dans le monde. Nombre de ces gisements se concentrent au sein de la Ceinture Métallogénique Téthysienne, notamment dans la région sud-est des Balkans-Rhodopes. Le nord-est de la Grèce présente une occurrence de ces gisements parmi les plus riches en métaux accessoires dans le monde. Ceci rend cette région propice à la prospection et à la compréhension des processus d'enrichissement dans ce type de système métallogénique associé à un contexte géodynamique particulier — post-collision et amincissement de la croûte continentale. Le site de Pagoni Rachi présente un gisement de type porphyre à Cu-Mo (Re-Au) et sub-épithermal à Pb-Zn télescopés, encaissé dans une granodiorite altérée, sous la forme d'un stockwork minéralisé en métaux de base (Cu, Pb, Zn), précieux (Au, Ag) et critiques (Mo, Re, Ga, Ge, Te), caractéristiques de ces systèmes. La présence de molybdénite enrichie en Re (>4,7 % en poids) avec la présence de rhéniite (ReS₂) en plus du cortège métallique Cu-Mo rend cette minéralisation atypique. Son étude permettra de mieux contraindre les conditions du transport hydrothermal des métaux. L'étude de terrain et pétrographique indique une succession de veines caractéristiques des systèmes porphyres et épithermaux : A/M ondulante à quartz-hématite-pyrite/magnétite-hématite, B1 droite à quartz, C en réouverture des veines précédentes, à chalcopyrite-molybdénite ± rhéniite, D à pyrite massive, B2 rubanée en stockwork massif en partie sommitale du système, E1 à quartz-calcite-sphalérite-galène, et E2 à calcite-pyrite associées à un système sub-épithermal tardif. L'imagerie des veines de quartz par cathodoluminescence révèle des réouvertures de veines, une croissance oscillatoire des cristaux de quartz, ainsi que des textures de recristallisation dynamique témoignant d'une transition progressive d'un domaine de déformation chaud-ductile (~600 °C) à froid-cassant (<250 °C). L'étude de cette déformation, combinée à celle des éléments traces, montre une mobilité du titane dans le quartz à de hauts taux de déformation avec des textures typiques de recristallisation dynamique des quartz, comme les textures GBM, et des textures CL en ghostbands et mottled. L'implication de tel processus et de la formation de quartz dans des conditions hors équilibre rend impossible l'utilisation du thermomètre du Ti dans le quartz, rendant des valeurs de température éronées. De plus, ce décalage a pour effet de complexifier la lecture des diagrammes de classification élémentaire des veines de type porphyre et épithermal (Al/Ti vs. Ge/Ti), avec de mauvaises interprétations. L'étude des inclusions fluides dans le quartz indique une circulation continue de fluides pendant la cristallisation et la recristallisation du quartz, marquée par une ébullition autour de 485 °C, et une mise en place de veine de pression lithostatique à hydrostatique associée à la formation de la minéralisation à Cu, Mo, et Re, puis par un refroidissement et une dilution par des fluides de surface liés à l'événement épithermal à métaux critiques. La combinaison des isotopes stables de l'oxygène, de l'hydrogène, du carbone et des éléments traces des minéraux de gangue des différentes veines montre que la mise en place du système porphyre évolue d'un domaine de magmatisme sous-marin en contexte d'arrière arc vers un domaine continental dominé par les eaux météoriques. En effet, la signature géochimique des fluides évolue d'un pôle magmatique vers un pôle d'eau de mer, avec un mélange progressif des veines de type A à B2. Suivi d'une incursion tardive d'eau météorique et d'une interaction fluide-roche associée à la formation de failles et à un phénomène de soulèvement avec les veines type E1 et E2. Avec une de baisse, de température, pH pression. Ce processus est ensuite suivi par une érosion exposant le gisement à la surface.