Vers une meilleure compréhension de l'adaptation méiotique à l'allopolyploïdie chez Arabidopsis suecica
| Auteur / Autrice : | Floriane Chéron |
| Direction : | Heïdi Serra |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Génétique et Biologie Moléculaire |
| Date : | Soutenance le 29/10/2024 |
| Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Génétique, Reproduction et Développement (Clermont-Ferrand) |
| Jury : | Président / Présidente : Emilie Brasset |
| Examinateurs / Examinatrices : Chloé Girard, Charles White | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Mathieu Rousseau, Christian Parisod |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'allopolyploïdie, un processus où des espèces hybrides possèdent des ensembles complets de chromosomes issues de différentes espèces, joue un rôle crucial dans l'évolution et la spéciation des plantes. Cependant, les allopolyploïdes nouvellement formés doivent surmonter des défis complexes liés à l'instabilité génétique, épigénétique et méiotique, principalement en raison de la recombinaison méiotique entre chromosomes homéologues (similaires mais non identiques). Cette situation peut entraîner des erreurs de ségrégation, de l'aneuploïdie et une fertilité réduite. En revanche, les allopolyploïdes évolués sont hautement fertiles et se comportent comme de vrais diploïdes pendant la méiose, favorisant la formation de crossing-overs entre chromosomes homologues tout en inhibant ceux entre chromosomes homéologues. Ainsi, les allopolyploïdes de première génération subissent une forte pression sélective pour limiter ou éviter les crossing-overs entre chromosomes homéologues.Pour explorer les mécanismes sous-jacents à la stabilisation de la méiose après l'allopolyploïdisation, nous avons étudié l'adaptation méiotique chez Arabidopsis suecica, une plante issue de l'hybridation entre A. thaliana et A. arenosa. Dans cette étude, nous avons examiné la fertilité et le comportement méiotique de plantes néosynthétiques d'A. suecica issues d'un unique croisement sur les quatre premières générations après l'hybridation. Les résultats ont révélé des altérations significatives au début de la méiose, avec des interactions anormales entre centromères homéologues pendant le stade zygotène et une recombinaison homéologue fréquente associée à une réduction de la recombinaison homologue, suggérant fortement que la fidélité du choix du partenaire de recombinaison est perturbée pendant la première méiose des plantes néoallopolyploïdes d'A. suecica. De plus, cette étude a montré une considérable variabilité de la fertilité, du comportement méiotique et du niveau de recombinaison homéologue entre des plantes néosynthétiques sœurs de première génération. Après 4 générations, nous avons identifié quatre voies distinctes d'évolution de la stabilité méiotique chez ces plantes néoallopolyploïdes.Ces travaux ont également mis en évidence le rôle des protéines MSH, en particulier MSH7, qui semble être impliquée dans la régulation de la recombinaison homéologue. La mutation du gène MSH7 chez A. suecica entraîne une légère diminution du nombre de crossing-overs et une augmentation des cellules méiotiques au stade métaphase I avec des univalents et des multivalents, suggérant que MSH7 pourrait aider à discriminer les chromosomes homologues des homéologues, stabilisant ainsi la méiose allopolyploïde.Une analyse transcriptomique de méiocytes mâles de plantes néosynthétiques et évoluées a révélé une sous-expression de gènes clés, tels qu'ASY4 et SCEP2, qui sont essentiels pour la formation du complexe synaptonémal, une structure nécessaire à l'appariement correct des chromosomes pendant la méiose. Les anomalies dans l'expression de ces gènes, combinées à la sous-expression des protéines ZMM impliquées dans la formation des crossing-overs de classe I telles que MSH5 et HEI10, pourraient être à l'origine de l'instabilité méiotique observée dans les plantes néosynthétiques d'A. suecica.En conclusion, mes travaux de thèse soulignent l'importance des mécanismes moléculaires dans la stabilisation méiotique des plantes allopolyploïdes, et révèlent le rôle potentiel des protéines MSH7, ASY4, SCEP2, MSH5 et HEI10 dans la régulation de la recombinaison méiotique. Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles recherches pour approfondir notre compréhension de l'adaptation et de la stabilité méiotique des plantes allopolyploïdes.