Caractérisation des transitions de phases hors d'équilibre avec émergence d'un cycle limite
Auteur / Autrice : | Laura Guislain |
Direction : | Eric Bertin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physique théorique |
Date : | Soutenance le 10/07/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale physique (Grenoble, Isère, France ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire de Physique (Grenoble, Isère, France ; 1966-....) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Dauchot |
Examinateurs / Examinatrices : Raphaël Chetrite, Bérengère Dubrulle, Bertrand Fourcade | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Etienne Fodor, Cécile Monthus |
Mots clés
Résumé
Les systèmes maintenus hors d'équilibre par un forçage présentent souvent une riche phénoménologie, avec différents types de changements qualitatifs de comportement, correspondant à une structuration spatiale ou temporelle. On peut penser par exemple à des systèmes de particules actives qui prélèvent de l'énergie dans leur environnement pour se déplacer, et qui peuvent présenter un mouvement d'ensemble cohérent grâce à des interactions d'alignement, à l'instar des vols d'oiseaux ou des bancs de poissons. Un autre exemple de phénomène collectif concerne la transition de synchronisation, par laquelle des oscillateurs de fréquences différentes se mettent à osciller en phase si leurs interactions sont suffisamment fortes. De tels systèmes sont des archétypes de la physique statistique hors d'équilibre, laquelle a développé des méthodologies adaptées à leur étude.Ce type d'approche s'intéresse donc à savoir comment une propriété individuelle peut se transposer à l'échelle collective grâce aux interactions entre individus. L'exemple de la synchronisation d'oscillateurs couplés est particulièrement parlant, car pour produire une oscillation collective, il suppose que chaque entité en interaction est capable d'osciller. Ce type de modèle ne dit donc rien en soi sur ce qui permet de générer une oscillation.Dans la nature, les oscillations apparaissent le plus souvent dans des systèmes fortement dissipatifs, comme des horloges chimiques (réaction de Belousov-Zhabotinsky par exemple). Dans ces systèmes, les oscillations sont liées à un écart à l’équilibre thermodynamique entretenu par la présence de flux d'énergie. Cette structuration spatio-temporelle apparaît lorsque l'écart à l'équilibre franchit un certain seuil, qui marque la fin de la branche thermodynamique dans laquelle le système reste stationnaire et homogène.Dans cette thèse, nous développons des outils théoriques permettant d'étudier les transitions de phase hors d'équilibre avec émergence d'un cycle limite. On s'intéresse en particulier au cas où les degrés de libertés microscopiques ne sont pas contraints à osciller comme dans les études standard de la transition de synchronisation, mais peuvent conduire à une forme d'oscillation dans certains régimes. En premier lieu, on étudie une situation de type champ moyen afin de déterminer le scénario le plus simple et générique. Dans ce cadre, on considère une généralisation hors d'équilibre du modèle d'Ising, qui inclut sur chaque site une variable de spin et une variable de champ conjugué. L'ensemble de ces variables satisfont une dynamique stochastique hors d'équilibre. Avec des règles dynamiques bien choisies, on peut voir apparaître un cycle limite pour l'aimantation macroscopique. On caractérise ce modèle champ moyen en détails, à la fois en termes de bifurcation du point de vue des systèmes dynamiques, et en termes de transition de phases hors d'équilibre du point de vue de la physique statistique. Pour caractériser la transition de phase, on détermine en particulier la fonction de grande déviation conjointe associée à l'aimantation et à sa dérivée temporelle, ce qui permet de caractériser les fluctuations autour de l'évolution déterministe des variables macroscopiques.Dans un deuxième temps, nous allons au-delà de l’approche champ moyen, et nous étudions un modèle de spins et de champs avec des interactions de courte portée en trois dimensions. Nous montrons que l'apparition d'oscillations collectives d'entités ne pouvant pas osciller seules peut être reliée à la transition de synchronisation d'oscillateurs couplés et bruités.Dans un dernier temps, nous essayons d'apporter quelques éléments de réponse à l'étude de l'influence du désordre dans les modèles hors équilibre avec oscillations. Nous étudions des versions désordonnées du modèle de spins et de champs, en considérant différents types de désordre simples, mais contenant des éléments essentiels (désordre gelé, désordre dynamique, frustration, …).