Thèse soutenue

L'Action française et l'Histoire : « Contre-roman national » et combat culturel au service de la restauration monarchique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Nicolas Pavillon
Direction : Jean-Paul PellegrinettiOlivier Dard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisation des mondes modernes et contemporains
Date : Soutenance le 15/11/2024
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine (Nice)
Jury : Président / Présidente : Christian Amalvi
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Allorant
Rapporteurs / Rapporteuses : Natalie Petiteau, Patrick Garcia

Mots clés

FR  |  
EN

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

La place de l'histoire est centrale dans le projet de l'Action française depuis sa naissance à la fin du XIXe siècle. Les relations que le mouvement noue avec l'histoire sont complexes, passionnées et constantes. Aux yeux de Charles Maurras, l'histoire n'est pas à cultiver pour elle-même. Ce n'est pas un simple objet de curiosité ou d'érudition. Dans sa conception de la civilisation, elle est un héritage à faire fructifier : le triple héritage méditerranéen de la Grèce ancienne, de la Rome antique et de l'ordre catholique. Selon la logique du « Politique d'abord », l'histoire est également instrument et servante, car elle doit servir une ambition politique : le rétablissement de l'unité et de la grandeur nationale par la restauration de la monarchie dont Maurras entreprend de démontrer la nécessité comme une évidence « mathématique ». Pour servir ce dessein, l'histoire est l'un des instruments - parmi tant d'autres - que l'Action française met à profit. De son rôle subordonné, il ne faudrait pas déduire un rôle insignifiant. Tout au contraire, l'histoire, à travers la méthode de « l'empirisme organisateur », irrigue l'ensemble du discours politique de l'Action française. Elle oriente sa démarche et guide ses conclusions. Elle est instrument de combat contre les idées, les courants, les institutions et les hommes qui représentent la démocratie, héritière d'une histoire dans laquelle Maurras voit « le mal » et « la mort ». C'est donc avant tout une histoire nationale, une histoire de France, conçue et écrite par rapport à la France, même quand elle s'étend aux nations étrangères. Au cours des cinq premières décennies de son existence, l'Action française présente au public une contre-histoire, mettant en valeur les origines capétiennes de la France, vouant aux gémonies la rupture révolutionnaire et ses prolongements impériaux et républicains. A cet égard, elle rencontre un succès paradoxal. En effet, Maurras n'est pas historien de formation, pas plus que Léon Daudet et Jacques Bainville. Si l'histoire émaille le discours de l'Action française, rares sont les historiens qui adhèrent au mouvement. Celui-ci s'oppose d'ailleurs vivement aux institutions universitaires traditionnelles. Sa force réside, en partie, dans la modulation et l'imbrication de plusieurs discours historiques : un discours théorique et doctrinal, un discours polémique et parfois injurieux, un discours historique, enfin, qui tend à répondre aux exigences scientifiques de ce temps. Pour développer ces différents discours, le mouvement peut compter sur des plumes souvent talentueuses : Maurras, Daudet et Bainville, bien sûr, mais également Louis Dimier, Pierre Gaxotte, Frantz Funck-Brentano, Marie-Louis de Roux, etc. La diversité de ces figures et écritures entraîne naturellement des désaccords et même des contradictions qui viennent se nicher dans la conception historique de l'Action française. Toutes les figures n'ont pas la même importance dans la vie du mouvement, si bien qu'il est possible de décrire plusieurs « cercles » en son sein. Cependant, le mouvement est tenu par son sommet d'un point de vue doctrinal. Les divergences sont davantage des nuances. La cohérence du discours, sa relative simplicité, de même que ses qualités littéraires, rendent compte de son écho intellectuel, notamment au lendemain de la Grande Guerre.