Thèse soutenue

Qui peut (encore) habiter à Bordeaux ? : les parcours résidentiels dans la métropole bordelaise et en Gironde

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Auteur / Autrice : Elise Thouron
Direction : Nathalie GaussierRenaud Le Goix
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 08/03/2024
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Entreprise, économie, société (Talence, Gironde ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux sciences économiques
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Julie Vallée, Lionel Rougé, François Taulelle
Rapporteurs / Rapporteuses : Xavier Desjardins, Lise Bourdeau-Lepage

Résumé

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Partant du constat partagé par les élus et les techniciens qu’il est de plus en plus difficile de se loger dans la métropole bordelaise, la thèse s’intéresse aux stratégies résidentielles et aux parcours résidentiels dans la métropole bordelaise et en Gironde. En effet, le contexte immobilier particulièrement tendu et les prix élevés à l’achat et à la location conditionnent les modalités d’entrée sur les marchés du logement, locatif comme à la propriété, de s’y maintenir, de déménager. Ainsi, derrière la question de l’offre et des prix immobiliers à l’achat et à la location, l’enjeu majeur de la crise contemporaine du logement réside dans la fluidité des parcours résidentiels. Dans un positionnement de recherche-action, l’objectif est de proposer une description fine des parcours résidentiels et de leurs points de blocage pour rendre compte des enjeux qui se posent aujourd’hui aux politiques publiques. Les méthodes mobilisées visent à décrire les stratégies, d’une part, et les parcours résidentiels, d’autre part. Partant d’une caractérisation générale des flux à partir des données Fidéli, une enquête par questionnaire (N=812), portant sur des ménages ayant récemment déménagé et vivant en Gironde à l’issue du déménagement, a fait l’objet d’un redressement et d’un traitement statistique. Des entretiens complètent l’analyse quantitative afin de comprendre plus finement les choix et les stratégies résidentielles. Mis en perspective avec les travaux existants, ces entretiens permettent de définir des idéaux types de trajectoires résidentielles, précisés par les résultats de l’analyse multivariée de l’enquête par questionnaire. Les résultats mettent en évidence une typologie des parcours résidentiels en Gironde en 6 catégories : les « accédants en métropole », les « néo-Bordelais locataires », les « jeunes bénéficiant d’aides et/ ou d’un patrimoine familial » et qui déménagent sans difficulté dans le périurbain, les « retraités heureux », les « professions intermédiaires en milieu de cycle de vie entravées dans la métropole » et enfin, les « ouvriers et employés entravés en Gironde ».Ainsi, l’analyse croisée des idéaux types des trajectoires résidentielles et de la typologie des parcours résidentiels souligne que le cycle de vie ne permet pas à lui seul d’expliquer les parcours résidentiels des ménages. Les parcours résidentiels sont également socialement sélectifs. Les catégories aisées accèdent plus facilement à la propriété et a fortiori, à la location. À l’inverse, les classes les plus précaires sont exclues de l’accession à la propriété, parfois même dans le périurbain, alors que l’accession à la propriété demeure centrale dans la demande résidentielle. De plus, les inégalités patrimoniales, y compris au sein de la même étape du cycle de vie, opèrent des distinctions importantes dans la fluidité des parcours résidentiels. Enfin, les aspirations résidentielles propres à chaque parcours de vie influencent aussi les parcours résidentiels. À moment dans le cycle de vie similaire et catégorie professionnelle équivalent, les trajectoires de vie mènent à des choix et à des arrangements différents.Au regard de ces résultats, les politiques publiques en faveur de la fluidité des parcours résidentiels ne peuvent se résumer à des politiques de l’habitat. Elles doivent intégrer des politiques sociales, économiques et de transports afin de permettre un accès à un logement décent, à toutes les étapes de la vie. Les parcours résidentiels sont finalement un catalyseur des enjeux de la ville de demain.