Thèse soutenue

Usages et pratiques du numérique au prisme des compétences non académiques des étudiants en soins infirmiers

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Auteur / Autrice : Delphine Durand Canzian
Direction : Éric DugasVincent Liquète
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 29/01/2024
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire cultures, éducation, sociétés (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Gilles Ferréol
Rapporteurs / Rapporteuses : Séverine Colinet, Mabrouka El-Hachani

Résumé

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Le monde de la santé ne ressemblant en rien à celui d’hier, le travail du « prendre soin » se doit d’être efficient et les professionnels du soin sont tenus de développer des compétences non académiques (CNA). L’enjeu majeur se situe dans la négociation du changement en termes d’ingénierie de formation, construite selon une approche par compétences inscrites dans le schéma universitaire et n’offrant que peu de places aux CNA. Or, la réussite des étudiants infirmiers ne dépend pas seulement des savoirs à transmettre, mais aussi de l’acquisition de ce type de compétences. En mars 2020, la crise sanitaire mondiale a obligé l’ensemble des établissements d’enseignement et de formation à basculer dans un monde méconnu par la plupart d’entre eux. Le recours au numérique, permettant la nécessaire « continuité pédagogique », a contraint bon nombre de formateurs à une refonte de leurs approches et pratiques. L’objet de cette recherche porte sur le choix de méthodes pédagogiques en lien avec les usages et les pratiques numériques, au service du développement des CNA des étudiants en soins infirmiers, dont notamment la comparaison entre les IFSI déjà connectés avant la pandémie et ceux « peu connectés ». Nous portons notre attention sur les différentes variations de posture du formateur et l’adéquation ou non avec les attendus des étudiants dans une période de contrainte pandémique où l’hybridation a été privilégiée. Pour ce faire, nous nous appuyons sur une démarche comparative, tant qualitative que quantitative, réalisée dans six IFSI afin de comprendre les singularités d’approche du dispositif numérique et leurs effets sur le développement des CNA. À l’appui d’un questionnaire auto-administré auprès de 436 étudiants en L2, nous investiguons l’impact des usages du numérique pendant la période pandémique sur les interactions sociales, l’implication dans le travail en individuel puis en collectif et le sentiment d’utilité. Nous abordons complémentairement avec les douze formateurs interrogés, le changement de leurs intentions didactiques et de leur posture déployée dans la relation pédagogique. Nous tentons aussi de comprendre par des entretiens réalisés auprès de douze étudiants s’ils ont repéré une transformation dans leur manière d’apprendre et de travailler ensemble, ainsi que leur ressenti sur leur processus de professionnalisation. Enfin, la tenue d’un carnet de bord de type professionnel lié aux rencontres informelles avec collègues et étudiants a permis de poser des pistes de réflexion sur les usages numériques et le travail collaboratif. Les résultats saillants révèlent principalement que la différence se situe sur le degré de connectivité des instituts, mais aussi sur le parcours antérieur de formation des étudiants, leur permettant d’appréhender la formation en distanciel de manière plus structurée en l’absence de lien social et d’interactions pédagogiques. Le travail collaboratif a été expérimenté positivement lors de cette pandémie. De plus, il apparait comme résultat intéressant l’influence du travail en distanciel sur les formateurs et la remise en question du sens de leur mission. Surtout, les habiletés inégales dans l’usage et les pratiques numériques se sont avérées un frein dans leur approche pédagogique. L’analyse des résultats permet une meilleure compréhension des besoins estudiantins et des possibles pédagogiques. La formation hybride est en train de prendre place, pour marquer cette transition du présentiel au tout distanciel contraint par la pandémie, et semble plus en phase avec les temporalités d’apprentissage des étudiants. Dans une perspective de refonte du programme de formation infirmière prévue en 2025, notre étude permet d’envisager, une réflexion collective autour des enjeux de l’apprentissage et des usages du numérique en formation, notamment, in situ, une approche expérimentale « renversée » des travaux dirigés au service du développement des CNA, essentielles dans ce métier du « care ».