Droit de la santé et surnaturel : vodou et zombis en Haïti : contribution à l’encadrement juridique d’un phénomène au confluent de la médecine traditionnelle, de la religion et de la magie
Auteur / Autrice : | Patrick Andre |
Direction : | Antoine Leca |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Droit privé |
Date : | Soutenance le 20/06/2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences juridiques et politiques (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Anthropologie bio-culturelle, droit, éthique et santé (Marseille) |
Jury : | Président / Présidente : Éric Gasparini |
Examinateurs / Examinatrices : Éric Gasparini, Florence Faberon, Alexandre Lunel, Catherine Puigelier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Faberon, Alexandre Lunel |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse se donne pour objectif d’étudier le phénomène zombi au regard du droit haïtien. On reste dans la logique que le droit est une discipline caractérisée par la raison et la rigueur. Cela conduit à répondre à deux questions fondamentales. Celles-ci permettent de structurer la thèse en deux parties aussi. La première consiste à expliquer le retour des déclarés défunts en dehors de toute superstition. C’est-à-dire qu’on ne tient pas compte des explications assorties des croyances religieuses et surnaturelles. On voit plutôt le mécanisme de la mort à partir de données établies par la médecine. Celles-ci sont falsifiables et reproductibles. On peut noter aussi que le droit haïtien n’a pas médicalisé le constat de la mort. Il en résulte deux conséquences. D’abord, les critères du constat de la mort ne sont pas uniformes. Puis, ce constat n’est pas fait exclusivement par des médecins. En absence de ces éléments, il existe un risque d’inhumation prématurée plus important comme on peut le voir à travers l’histoire de la médecine. Le problème est que le permis d’inhumer de l’officier de l’état civil est établi à partir d’une preuve douteuse, un constat de décès incertain. Or, les actes de l’officier de l’état civil ont la force probante. Les zombis sont donc passés définitivement pour mort avec le permis d’inhumer émis par l’officier de l’état civil. La deuxième question permet d’analyser la mort incertaine et ses effets au regard du droit positif. La situation des zombis peut être alors analysée entre le régime juridique des morts et celui des absents et des disparus. Dans la mesure où les zombis sont des personnes, il y a un autre problème en ce qui a trait à l’exercice et la jouissance des droits subjectifs. Les personnes en question se trouvent dans un état de mort civile. En droit pénal, le phénomène zombi consiste en un ensemble d’infractions décrites dans le Code pénal haïtien. Le nouveau Code pénal de 2020 va encore plus loin dans la reconnaissance du phénomène zombi. En plus de définir « l’état léthargique prolongé » dans le phénomène zombi, les rédacteurs ont inséré dans le texte le fait de retrouver un individu qui a été inhumé chez une autre personne. Cela fait partie des nouvelles infractions permettant d’appréhender la question de zombi dans droit pénal haïtien