Thèse soutenue

JWST : De l'élaboration d'un catalogue infrarouge à l'étude des galaxies poussiéreuses lointaines

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Auteur / Autrice : Aurélien Le Bail
Direction : Emanuele Daddi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Astronomie et Astrophysique
Date : Soutenance le 18/09/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Astronomie et astrophysique d'Île-de-France (Meudon, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Astrophysique Instrumentation Modélisation (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2005-....)
référent : Université Paris-Saclay. Faculté des sciences d’Orsay (Essonne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Physique (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Simona Mei
Examinateurs / Examinatrices : Johan Peter Uldall Fynbo, Arjen Van der Wel, Laure Ciesla, Jérémy Fensch
Rapporteurs / Rapporteuses : Johan Peter Uldall Fynbo, Arjen Van der Wel

Résumé

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Le jour de Noël 2021, le télescope spatial le plus puissant jamais construit par l'humanité a été envoyé dans l'espace. Ce télescope, le James Webb, avec son immense miroir et sa grande sensibilité dans l'infrarouge, promettait de révolutionner notre compréhension de l'Univers. Dans le cadre de la collaboration CEERS dirigée par S. Finkelstein, et afin d'être prêts dès la réception des premières images du télescope, j'ai construit un catalogue de sources brillantes dans l'infrarouge lointain (24μm - 1.1mm). Pour ce faire, j'ai appliqué la méthode de pointe du "super-débruitage" développée par E. Daddi, D. Liu et S. Jin. Cette méthode repose sur une sélection active des sources à fitter basée sur des prédictions issues du fit de la distribution spectrale d'énergie (SED) de chaque galaxie. Ainsi, en mesurant des flux dans des images de plus en plus confuses, j'ai pu sélectionner les sources que je savais être les plus brillantes. Afin de mesurer les flux les plus réalistes possible, j'ai effectué des simulations de type Monte-Carlo pour corriger les biais de mesure et obtenir des incertitudes quasi-gaussiennes. Pour construire ce catalogue, j'ai exploité toutes les images prises par différents télescopes IR spatiaux et terrestres, à savoir Spitzer, Herschel, JCMT, LMT et le VLA, ce dernier permet une meilleure sélection des sources, en particulier à grand redshift.Sur la base de ce catalogue, qui est le catalogue infrarouge lointain le plus profond existant dans le champ EGS, j'ai sélectionné les sources les plus brillantes afin de les étudier à travers l'œil du JWST.J'ai étudié la morphologie et les propriétés physiques d'un échantillon de 22 galaxies poussiéreuses formant activement des étoiles (DSFG) sélectionnées dans l'IR au midi cosmique (z ≈ 2), en utilisant les images de la caméra proche infrarouge du JWST obtenues dans le champ EGS pour CEERS.La résolution des images NIRCam m'a permis de résoudre spatialement ces galaxies jusqu'à 4.4μm et d'identifier leur bulbe/noyau même lorsqu'elles étaient très éteintes par la poussière.Sur la base d'images rouge-vert-bleues utilisant les filtres F115W, F200W et F444W, j'ai divisé chaque galaxie en plusieurs régions uniformément colorées, fitté leur SED respective et mesuré leurs atténuations due à la poussière, leur masses stellaires, leur taux de formation d'étoiles et leurs âges. Après avoir classé chaque région comme étant active ou passive, j'ai réparti les galaxies en trois classes, selon que la formation active d'étoiles était située dans le noyau, dans le disque ou dans les deux. Les principaux résultats sont les suivants :(i) ≈ 70% de mes DSFGs ont un noyau actif compact fortement atténué par la poussière et qui peut contenir jusqu'à 80% de la formation d'étoiles de la galaxie mais seulement 20-30% de sa masse stellaire, et qui est toujours entouré d'un disque massif plus grand et moins atténué ;(ii) 64 % (27 %) des disques sont significativement (fortement) désaxés, probablement en raison d'une accrétion asymétrique de gaz froid, de fusions majeures et/ou d'instabilités à grande échelle ; (iii) 23% des galaxies ont un cœur actif au sein d'un disque éteint, elles subissent une extinction de l'extérieur vers l'intérieur, souvent facilitée par leur forte asymétrie qui induit des instabilités à petite et à grande échelle ; (iv) certaines galaxies abritent des disques très hétérogènes en termes de couleurs RVB : ces disparités sont le résultat d'une atténuation inhomogène de la poussière ; et (v) j'ai trouvé des preuves surprenantes de l'existence de sous-structures en forme d'amas globulaire dans des régions éteintes.Le travail réalisé dans le cadre de cette thèse démontre l'incroyable puissance du JWST ainsi que son impact, puisqu'il permet pour la première fois de sonder les galaxies lointaines dans l'infrarouge et de les résoudre spatialement, permettant ainsi de révéler la complexité de leur formation et de leur évolution.