Thèse soutenue

Développement d'une approche de thérapie génique pour l'amyotrophie spinale avec épilepsie myoclonique progressive

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Auteur / Autrice : Jérôme Denard
Direction : Ana Buj belloMartina Marinello
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et Dynamique des Systèmes Vivants
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Approches génétiques intégrées et nouvelles thérapies pour les maladies rares (Evry, Essonne)
référent : Université d'Évry-Val-d'Essonne (1991-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Sylvain Fisson
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Anne Colle, Marc Bartoli, Odile Boespflug-Tanguy, Thierry Levade
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Anne Colle, Marc Bartoli

Résumé

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Les amyotrophies spinales sont un groupe de maladies qui se caractérisent par une dégénérescence progressive des motoneurones de la moelle épinière entrainant une faiblesse et atrophie musculaire de sévérité variable. La forme la plus fréquente est liée à des mutations dans le gène SMN1, pour laquelle un produit de thérapie génique a été approuvé et mis sur le marché. Une autre forme d'amyotrophie spinale avec épilepsie myoclonique progressive, nommée SMA-PME, est due à des mutations dans le gène ASAH1 codant une enzyme lysosomale, la céramidase acide (ACDase). L'espérance de vie des patients atteints de SMA-PME ne dépasse pas l'adolescence. Certaines mutations dans ce même gène peuvent causer la maladie de Farber (MF), avec pour les formes les plus sévères un décès des patients avant l'âge de deux ans en raison d'atteintes multi systémiques sévères. La SMA-PME et la MF sont des maladies de surcharge lysosomale ultra-rares. L'ACDase catalyse le céramide, un lipide bioactif, en sphingosine et acide gras. En raison du déficit de l'activité enzymatique, les céramides s'accumulent à l'intérieur des lysosomes, provoquant de graves dysfonctionnements dans plusieurs organes. Une approche thérapeutique basée sur la transplantation de cellules souches hématopoïétiques a déjà été testée chez des patients Farber mais n'a pas empêché la détérioration neurologique au cours du temps. La génération de modèles murins de déficience en ACDase, notamment le modèle Asah1P361R/P361R récapitulant les symptômes de la forme sévère de la maladie Farber, a permis de mieux comprendre la physiopathologie de la déficience en ACDase et d'évaluer différentes approches thérapeutiques. L'enzymothérapie et la thérapie génique utilisant un vecteur lentiviral ont permis de prolonger la survie des animaux de plusieurs semaines mais la correction des atteintes neurologiques était absente. Puisqu'il n'existe aucun traitement curatif pour ces patients, le but principal de mon projet de thèse a été de développer une approche de thérapie génique en administrant un vecteur recombinant adéno-associé (AAV). L'injection intraveineuse d'un vecteur AAV9-ASAH1 chez des souris Asah1P361R/P361R aux stades pré- et symptomatiques de la maladie a été capable de prolonger la durée de vie des animaux et de corriger l'ensemble du phénotype. Cette approche a apporté la preuve de concept qu'une restauration généralisée de l'expression du gène ASAH1 permet d'obtenir un effet thérapeutique dans un modèle murin sévère de déficience en ACDase. Ces résultats nous ont conduit à réaliser une étude de dose chez le modèle murin Asah1P361R/P361R pour déterminer la dose minimale efficace de ce vecteur. Trois doses d'AAV9-ASAH1 ont été administrées par voie intraveineuse chez les souris mutantes à un stade avancé de la maladie et l'effet a été analysé au niveau clinique, moléculaire et histologique pendant une période de 6 mois. Nous avons identifié une dose de vecteur capable de corriger le phénotype et d'éviter l'infiltration des macrophages dans les tissus, y compris dans le système nerveux central (SNC). L'administration du vecteur AAV9-ASAH1 par voie intracérébroventriculaire (ICV) a également été évaluée chez les souris mutantes à la naissance afin d'investiguer le potentiel thérapeutique de cette voie d'administration directe au SNC. Dans le cas du modèle Asah1P361R/P361R, la correction de l'ensemble du phénotype nécessite une injection systémique du vecteur AAV9-ASAH1, mais des résultats préliminaires indiquent qu'une administration ICV du vecteur permet aussi de prévenir l'apparition des atteintes neurologiques présentes chez les souris mutantes. Ce travail de thèse ouvre la perspective d'un développement clinique de cette thérapie génique pour les patients atteints des maladies de Farber et SMA-PME.