Thèse soutenue

Etude structurale et fonctionnelle de la nucléocapside du virus respiratoire syncytial

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Auteur / Autrice : Lorène Gonnin
Direction : Jean François EléouëtIrina GutscheMarie GallouxAmbroise Desfosses
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 01/06/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Virologie et immunologie moléculaire (VIM)
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Marie-Anne Rameix-Welti
Examinateurs / Examinatrices : Célia Plisson-Chastang, Petr Chlanda, Louis-Marie Bloyet
Rapporteurs / Rapporteuses : Célia Plisson-Chastang, Petr Chlanda

Résumé

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Le virus respiratoire syncitial (VRS) est la première cause de bronchiolites et de pneumonies chez les jeunes enfants. Il est également responsable d'infections respiratoires sévères chez les personnes âgées ou immunodéprimées. Il n'existe pas de vaccin ni de traitement spécifique contre le VRS. Le VRS est un virus enveloppé dont le génome est un ARN simple-brin de polarité négative contenant 10 gènes codant pour 11 protéines virales. Le génome viral est constamment encapsidé par de multiples copies de la nucléoprotéine virale N, constituant un complexe N-ARN en forme d'hélice, appelé nucléocapside. Au cours du cycle viral, la nucléocapside est utilisée comme matrice par la polymérase virale L pour (i) transcrire les ARN messagers viraux, et (ii) répliquer génomes et antigénomes. Les activités de la polymérase L dépendent de ses cofacteurs viraux, la phosphoprotéine P et la protéine M2-1, anti-terminateur de la transcription. La protéine P peut être vue comme le chef d'orchestre de la multiplication du virus, capable d'interagir avec la polymérase L, la nucléocapside, la protéine M2-1, mais également avec la protéine N néosynthétisée, permettant ainsi son maintien sous forme monomérique et non liée à l'ARN, nommée N0. Les étapes de transcription et de réplication se déroulent au sein d'usines virales, dans le cytoplasme de la cellule infectée. Les usines virales sont des organelles dépourvues de membranes, formées par séparation de phase liquide, dont la morphogénèse dépend de l'expression des protéines N et P. Les protéines N et P et leurs interactions jouent par conséquent un rôle central non seulement pour le fonctionnement de la polymérase mais également dans la formation des usines virales. Toutefois, les mécanismes régulant la spécificité d'encapsidation des ARN génomique et antigénomique viraux, dépendant de la transition N0-P vers N-ARN, restent mal caractérisés. De plus, les informations structurales de haute résolution sont limitées à la structure cristallographique d'anneaux N-ARN du VRS. Dans ce contexte, mes travaux de thèse visaient à obtenir des données fonctionnelles et structurales sur la nucléocapside du VRS, suivant deux axes principaux : (i) l'étude du rôle de l'ARN dans l'encapsidation par la protéine N et (ii) la détermination de la structure de la nucléocapside du VRS par cryo-microscopie électronique. Partant de la capacité à purifier une protéine N recombinante exprimée chez E. coli sous forme monomérique et non liée à l'ARN, j'ai dans un premier temps étudié la capacité de cette protéine à encapsider différents ARN synthétiques in vitro. Les données obtenues ont permis de montrer que l'encapsidation peut se déclencher en présence d'ARNs de 7 nucléotides, mais que 11 nucléotides sont nécessaires pour former des complexes N-ARN stables in vitro. Cependant, la nature de l'extrémité 5' des ARNs ne permet pas d'expliquer la spécificité d'encapsidation. Enfin, ces travaux ont permis de montrer que l'encapsidation de l'ARN par la protéine N est indispensable pour la reconstitution de pseudo-usines virales in vitro. En parallèle, la purification de nucléocapsides exprimées en cellules d'insectes nous a permis de déterminer la structure par cryo-microscopie électronique de plusieurs assemblages N-ARN (nucléocapside hélicoïdale, nucléocapside hélicoïdale à deux têtes, nucléocapside hélicoïdale coiffée d'un anneau, et double-anneaux N-ARN). Plus spécifiquement, nos données ont permis de révéler que la nucléocapside du VRS présente une symétrie non-canonique, avec un assemblage en unité asymétrique composée de 16 protomères de N. Cet assemblage particulier conduit à une variation dans l'accessibilité de l'ARN le long de l'hélice. Enfin, nous avons montré que cette symétrie non-canonique dépendait du bras C-terminal de la protéine N, puisque son raccourcissement entraine la formation d'une nucléocapside hélicoïdale de symétrie canonique.